Alors dis moi, c’est quoi un adventiste (4): des légalistes ? Première partie. (03.07.2007)

94d841b14503a667f238a0ca1c9e1a36.jpgReprenons notre tentative de définition de l’adventisme au travers de ce quatrième épisode de notre série « Alors dis-moi, c’est quoi un adventiste ? ». Dans les dernières notes sur ce point je vous proposais de considérer l’Eglise Adventiste à partir de ses normes et valeurs d’une part, c'est-à-dire ce que nous sociologues appelons « structure formelle ». D’autre part de manière implicite je mobilisais également les représentations des adventistes. Pour faire simple il s’agit simplement des idées, croyances que nous pouvons relever chez les adventistes. Ce point est important car il permet de mettre en évidence la pluralité de représentations chez les adventistes. Cela démontre d’ailleurs que nous sommes bien dans un groupe où une diversité existe. Je notais que la notion d’adventisme doit idéalement être détachée de l’Eglise Adventiste qui en est une expression institutionnelle forte. Cela permet de ne pas oublier le caractère transconfessionnel de l’adventisme, puisque ce concept est présent d’autres groupes millénaristes messianiques. L’attente du Messie (Comme le traduit le nom d’Adventiste) est également présents dans plusieurs religions n'appartenant pas l'espace judéochrétien. Concernant le catholicisme, Jean Séguy notait il y a peu de temps de cela des traits adventistes dans le catholicisme. Voilà qui loin des démonstrations permet de faire la différence entre le concept « adventiste » et « l’Eglise Adventiste ».
L’Eglise Adventiste est numériquement la principale organisation typiquement adventiste du monde protestant. Toutefois, au travers de l’Eglise Adventiste il y a me semble t-il la collusion organisationnelle la plus forte avec le concept dans l’espace protestant, faisant d'elle une sorte de prototype du groupe messianique millénariste comme le notait Henri Desroche dans son dictionnaire des millénarisme de l'ère chrétien.

Quelques rappels: Nous disions d’ailleurs que l’Eglise Adventiste illustre le biblicisme, le christocentrisme et le prophétisme commun à de nombreux groupes protestants. D’autre part elle se spécifie par un gout certain pour l’étude de la Bible, l’invitation à une conversion qui doit déboucher sur une ferveur militante. Parmi les spécificités adventistes qui permettent de définir le groupe il y a la le charisme d’un de ses leader historique qu’est Madame Ellen Gould White. A cela il convient surtout de ne pas oublier l’accent porté sur le sabbat.
Sous l’impulsion de White et d’autres pères de l’adventisme (Kellog, etc.) le bien être a pris une place importante. De faite, en donnant une place forte à la prévention et aux traitements des maladies, l’Eglise Adventiste du Septième Jour est devenue la principale religion de la santé. Entendons nous bien : je ne dis pas que les adventistes adorent la santé ! Celle-ci a simplement une place centrale dans les croyances adventistes. Cela se traduit d’ailleurs très diversement chez les membres.
Du point de vue de son organisation l’Eglise Adventiste sur le modèle Presbytérien est une Eglise centralisée aux découpages administratifs supra étatique faisant d’elle une multinationale du religieux selon le pasteur adventiste Ronald Coffin.

 

712d327395b5a7eb0fbce6aed5698c2a.jpgArrêtons là le résumé de ce que nous avons avancé sur l’Eglise Adventiste en tentant de présenter une définition et rajoutons un élément polémique : le légalisme.
Les adventistes, comme nous l’entendons souvent, sont-ils des légalistes ? Avant de répondre à cette question faisons le point sur ce que renferme le qualificatif de légaliste. Forment-ils une armée d’individus dont les pratiques sont régentées par des règlent austères qui empêchent l’épanouissement et qui figent leurs croyances et ascèses ?
Les commentateurs qui parlent de l’Eglise Adventiste comme d’un ensemble légaliste mettent l’accent sur l’importance que donne l’adventisme aux règlements, en particulier ceux du pentateuque, qui semblent avoir une place forte dans le discours adventiste. Pour eux l’adventisme est avant tout une religion de la règle, des obligations, des normes, des contraintes. Il y a une sorte de soumission à une législation qui dans l’adventisme conditionnerait l’obtention du salut. D’où l’idée de légalisme.


779e86c71d43c4539426db85c8006d47.jpg Cette critique s’amplifie chez les autres églises protestantes qui pensent que l’adventisme minimise l’impact de la grâce dans sa théologie et conditionne l’accès au salut principalement par des actes d’obéissance aux règlements, bref à des œuvres (Cf. Gérard Dagon, Les sectes à visage découvert, vol.2, Dozulé, Barnabas, 1997). Mais ce n’est pas tout. Dans les cercles protestants la critique se fait plus vive et le qualificatif de légaliste acerbe en raison de la nature des règlements. En effet, l’insistance sur des points du pentateuque comme le régime alimentaire et le sabbat, font de l’adventisme aux yeux de commentateurs une religion aux principes caduques. Cette caducité serait pour eux due à la mission du Christ qui transcenderait les interdits des repères légalistes. (Cf. Eric Fuchs, Les Adventistes du septième jour, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1963, etc.). Comble du comble, même les critiques que l’ont peut rattacher au catholicisme considèrent que l’adventisme prône un retour trop radical à une vision passéiste du légalisme (Cf. Chanoine Th. A. Ruygrok, La Confession auriculaire : les bienfaits de l'Église envers tout le genre humain, réponse aux protestants, adventistes, évangélistes, etc., Avignon, Aubanel père, 1956 ou encore Cyrille de Dinan, Pourquoi je ne suis pas adventiste du septième jour, Paris, Librairie St-François, 1950).
Ces éléments sont des représentations qui alimentent des incompréhensions sur l’adventisme. Cependant ont peut déjà affirmer que qualifier l’Eglise Adventiste de légaliste, au sens rigide qui vient d’être présenté, dénote d’une méconnaissance de cette organisation religieuse aujourd’hui.

Un simple regard sur l’évolution des croyances adventistes permet de noter rapidement la plus grande place laissée au concept de « grâce » qu’opposent les critiques (au légalisme supposé dans l’Eglise Adventiste) et qui est si important dans le protestantisme. Ellen G. White que site la critique pour parler de légalisme a été une chantre de la grâce dans l’adventisme (Cf. Ellen G. White, Le meilleur chemin, Dammarie-Les-Lys, 1981. Ancien titre : Vers Jésus, id, 1951). De plus après un vif débat interne à l’adventisme Alonzo Trévier Jones et Ellet Joseph Waggoner ont diffusé dès le XIX l’importance de la grâce au sein de l’adventisme pour en faire une vérité évidente. Leur ouvrage commun au titre évocateur, La foi vivante (traduction en 1989 chez Vérité Présente), est une forte illustration.
8b9c742a9a86d6778f6a5a36855a7b65.jpg La place de la grâce dans la théologie adventiste s’est installée de manière prépondérante dès son origine. Celle-ci ne s’est pas développée dans l’adventisme en concurrence avec les éléments du pentateuque. Au contraire, une lecture du Nouveau Testament, avec le prisme de la grâce, a entrainé dans l’adventisme une redécouverte de principes de l’Ancien Testament. Ainsi ce n’est pas en lisant le Lévitique que l’adventisme justifie son choix d’avoir une alimentation sélectionnant des éléments purs et impurs, mais dans la biographie d’acteurs du Nouveau Testament, dont l’Apôtre Pierre. De même, ce n’est pas en référence à la Genèse ou à l’Exode que l’Eglise Adventiste décide d’observer le sabbat, mais par la lecture qu’elle a de l’exemple de la vie du Christ Lui-même. C’est l’insistance sur la grâce contribua de façon déterminante dans l’adventisme à revenir à des éléments du pentateuque. Les éléments retenus dans l’adventisme du pentateuque sont simplement ceux dont la présence dans le Nouveau Testament, ont pour les adventistes été maintenus pas les premiers apotres et le Christ après la résurrection. Ce sont donc des éléments originel du christianisme tel que le Christ l'aurait fondé et surtout comme il a été édifié pa les premiers chrétiens, dont Paul .
Ces deux exemples (alilmentation et sabbat) montrent que l’accent mis sur des points considérés comme légalistes sont des lectures à partir du principe de grâce. Il est vrai cependant que dans la chronologie de leur apparition dans l’adventisme (ce qui est loin d’être évident à construire) certains arrivèrent avant une lecture en termes de grâce. Ce qui est plus important à retenir, c’est la relecture, l’interprétation nouvelle et dynamique que permet le concept de grâce actuellement dans l’adventisme.

Dire de la théologie adventiste qu’elle est légaliste est donc erronée. Elle n’a pas une vision qui oppose grâce et loi au détriment du premier. C’est d’ailleurs la grâce qui permet de relire la loi. Si bien que les exégètes adventistes ne parlent plus des dix commandements comme des injonctions, mais reviennent au sens premier et parlent de plus en plus des « dix paroles ». L’adventisme propose dans sa théologie finalement une passerelle, un équilibre qui lui est singulier entre grâce et loi. Cet équilibre veut responsabiliser les individus sur toutes les dimensions de leur pratique religieuse et leur ascèse (moralité, santé, relationnel…).
Si dans la théologie adventiste, contrairement à ce qui est dit, on ne peut pas considérer l’adventisme comme légaliste. Qu’en est-il du comportement des individus ? Là je vais faire rapide et simple surtout si vous êtes habitués à lire ce blog. Evidemment non. Les adventistes ne sont pas des clones qui obéissent radicalement à des injonctions. Des variabilités dans les comportements existent. Des oppositions, des contradictions traversent l’Eglise Adventiste. La présence de la règle n’empêche pas les individus d’exprimer leur spécificité. Là rien ne vaut le fait d’aller observer cette pluralité dans une communauté. Un exemple : le sabbat. Certains peuvent jouer au foot le samedi et choquer d’autres adventistes qui pensent que ce jour est mis à part pour la méditation ! Dans la même règle (le sabbat) une variété de comportements existe. En bref, l’idée de légalisme enlève cette pluralité adventiste qui est si flagrante, en prétendant que les adventistes, sans marge de liberté, obéissent à des loi anciennes dans l'optique d'avoir par des actes le salut. 


Comment expliquer cette image de légaliste qui colle à l’Eglise adventiste du Septième Jour, alors que dans sa théologie et la vie de ses membres nous n’en trouvons pas trace ? Là sera l’objet de la suite d’une prochainement note.

 

13:30 Écrit par fades | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : Définition, Légalisme | |  Facebook