Willam Foy : le prophète millérite (de JL Chandler) (02.01.2008)
Entre 1842 et 1844, l’attente du retour du Christ est à son paroxysme. Les millérites recherchent la date précise de la parousie. A contre-courant de cette quète enthousiaste, une voix fait entendre un message quelque peu différent : la foi en l’avènement de Jésus ne doit pas s’appuyer, et elle ne s’appuyera jamais, sur une date connue d’avance.
« Le jour du Seigneur viendra comme un voleur. » (2 Pierre 3.10)
« Quant au jour et à l’heure où cela se produira, personne ne les connaît, ni les anges du ciel, ni même le Fils ; personne, sauf le Père et lui seul... Tenez-vous donc en éveil, puisque vous ignorez quel jour votre Seigneur viendra. » (Matthieu 24.36, 42)
Ce message est présenté par William Ellis Foy – ou Foye – (1818-1893), un jeune homme noir à la peau claire, qui s’est converti au christianisme en 1835. William Miller, qui est un abolitioniste, s’adresse à tous les publics. Les esclaves du sud des Etats-Unis sont privés de l’opportunité d’entendre son message mais dans la Nouvelle Angleterre (le nord-est) les noirs libres l’écoutent et n’y sont pas indifférents. Des prédicateurs noirs (Charles Bowles, John Lewis, Olive Maria Rice ou Elvira Fassett) proclament la venue de Jésus aux blancs comme aux noirs.
La première vision
Alors qu’il s’apprête à devenir évêque de l’église épiscopale, le 18 janvier 1842, William Foy reçoit à 24 ans une vision de deux heures et demie lors d’un service religieux à Boston. Comme les prophètes de la Bible lorsqu’ils ont une vision, il défaille et il ne respire plus (Daniel 10.8). Un médecin l’examine. Celui-ci ne trouve « aucune apparence de vie autour du coeur ».
Dans la vision, Foy suit un guide céleste. Il voit la multitude des sauvés qui reçoit l’immortalité. Ils sont acceuillis par Jésus à l’entrée de la cité céleste : « Vous avez lavés vos robes dans mon sang. Vous vous êtes tenus debout fermement pour ma vérité. Entrez ! » Foy voit les perdus couler sous « une montagne d’eau pure » et s’éteindre sur la terre enveloppée dans « des montagnes de feu tournoyantes ». Ils implorent la miséricorde divine. Son guide lui explique la détresse de ces gens : « L’évangile leur a été prêché. Les serviteurs de Dieu les ont avertis. Mais ils ont refusés de croire. Il n’y aura aucune miséricorde pour eux au grand jour de la colère de Dieu ». A la fin de la vision, Foy voit un arbre magnifique, transparent comme du cristal. Ses fruits ressemblent à des grappes de raisins dans des pots d’or pur. Son guide lui dit : « Ceux qui mangent le fruit de cet arbre ne retourneront jamais sur la terre ». Foy tend la main pour ceuillir un fruit, « mais hélas ! écrira-t-il, je me suis retrouvé immédiatement dans cette vallée solitaire de larmes ».
La vision, qui ressemble aux descriptions d’Apocalypse 20.11-22.5, contient parfois des images symboliques. Mais son message est d’une clarté limpide. Dans son amour, Dieu supplie l’humanité d’accepter son offre gracieuse de salut avant de procéder à l’élimination définitive d’un monde de méchancetés et de souffrances. Foy se sent poussé à rapporter la vision mais il se trouve des excuses. Il se dit que Dieu ne lui a pas demandé explicitement de la relater. Ne trouvant pas la paix de l’esprit, il décide néanmoins d’imprimer « pour échapper à la croix de venir le déclarer personellement au monde » un apercu « très imparfait » de la vision. Le document original, qui sera publié, n’existe plus.
La deuxième vision
Le 4 février 1842, William Foy reçoit une deuxième vision de douze heures et demie dans une grande congrégation de Boston. Une vision incroyablement longue ! (En comparaison, la plus longue vision d’Ellen White dure quatre heures). Foy voit notamment un ange qui tente d’atteindre la terre mais il lui reste trois marches à descendre. Il ne comprend pas le sens de la vision. Des années plus tard, Ellen White, qui recevra une vision similaire et qui bénéfiera d’une expérience adventiste plus mûre, indiquera que les marches représentent le message des trois anges d’Apocalypse 14, c’est-à-dire le dernier avertissement de Dieu à l’humanité. A la fin de la vision, le guide de Foy lui donne l’instruction : « Révèle ces choses que tu as vues. Préviens tes semblabes afin qu’ils fuient la colère à venir ». Il lui fait aussi une promesse : « Je serai avec toi. Je te soutiendrai et je t’aiderai à déclarer ces choses au monde ». Encouragé, Foy répond : « J’irai ! »
Foy est critiqué par les millérites aussitôt qu’il révèle les visions. Ceux-ci craignent qu’on répande la rumeur que certains d’entre eux prétendent recevoir des révélations. A cause de leur réaction, Foy est encore plus rétif à raconter ce qu’il a vu. Il est conscient « du préjugé des gens contre les personnes de ma couleur » et que son message s’avère « si différent » de ce qu’ils espèrent. Il s’interroge : « Pourquoi Dieu m’a confié ces choses afin les présenter au monde ? » Foy le reconnait : « j’étais opposé à la doctrine du retour du Christ » avant de recevoir les visions. Le 6 février 1842, il accepte à contre coeur une invitation d’un pasteur de Boston à les rapporter. A son grand étonnement, une foule nombreuse vient l’écouter le jour suivant. Sa peur disparaît dès qu’il ouvre la bouche. A partir de ce moment là, Foy voyage énormément. Il présente son message à toutes les confessions et les ethnies. C’est un orateur talentueux. Il invite les incroyants à rechercher Dieu. Beaucoup répondent à ses appels.
Autres visions
William Foy aurait reçu une troisième vision vers le milieu de l’année 1844. Dans celle-ci, il voit un sentier qui conduit vers le ciel et des foules sur trois plateformes qui sont en fait « trois marches de feu ». Des deux premières, des gens tombent dans le vide. A chaque fois, une voix déclare : « Il a apostasié ». Mais les croyants de la troisième plateforme entrent dans la cité céleste. Comme pour la deuxième vision avec laquelle il se dessine un lien, Foy ne comprend la vision. Plus tard, Hazen Foss et Ellen White auront une vision presque similaire. John Loughborough, le premier historien adventiste, mentionne une quatrième vision de Foy dont on ne sait rien car la date, le lieu et le contenu ne sont pas connus. Les historiens ne peuvent pas la confirmer. En 1845, Foy publiera un pamphlet de 24 pages intitulé « L’expérience chrétienne de William Foy et les deux visions qu’il reçut en janvier et en février 1842 ». Seul ce document écrit par lui a subsisté. Il sera distribué gratuitement aux millérites et à tous ceux qui voudront l’obtenir.
Le sens de sa mission
Selon Loughborough, les visions de Foy « contenaient la claire évidence d’être des manifestations authentiques de l’Esprit de Dieu ». Dans une interview avec Dorès Robinson en 1912, Ellen White indique qu’elle a vue dans une grande congrégation en une occasion Foy recevoir une vision « d’environ 45 minutes ». Elle l’a écouté prêcher plusieurs fois. Elle approuve sans réserve son don prophétique : « Ses témoignages furent remarquables ». Une fois sa tâche terminée, William Foy disparaîtra en 1845 de la scène publique. Les adventistes le perdront totalement de vue. On ne possède aucune photo de lui. Dans « The Unknown Prophet » (le prophète inconnu), Delbert Baker brosse la biographie de cette figure peu connue du millérisme. On y apprend qu’à partir de 1850 Foy sera un pasteur baptiste dans le Massachussetts jusqu’à sa mort en 1893.
C’est un fait incontestable pour tous les historiens : Foy a reçu quelques visions. Les adventistes lui reconnaissent aussi le don de prophétie. En cela, ils s’appuient sur des critères bibliques. Nous aurons l’occasion de les examiner. Précurseur d’Ellen White, le ministère prophétique de Foy est court comme c’est le cas de certains prophètes de la Bible (Nahum, Habaquq, Abdias, Jean-Baptiste). Il y a eu des duos ou des trios de prophètes contemporains (Elie-Elizée, Michée-Esaïe, Jérémie-Daniel-Ezéchiel, Aggée-Zacharie). William Foy est le prophète du millérisme. Ellen White sera la prophétesse de l’adventisme. Le ministère prophétique de Foy s’étend de janvier 1842 aux premiers mois de 1845 car sa mission consiste à avertir contre les effets d’un désappointement, à garder intacte l’espérance glorieuse du retour du Christ et à annoncer le jugement. Son message encourage les gens à se préparer à rencontrer Jésus sans se focaliser sur le moment précis de sa venue. Oui, la foi au retour du Christ n’est pas usurpée ! La réalité de la résurrection, du jugement et du paradis est vraie. C’est le message de William Foy (mais peu y prêtent vraiment attention), ô combien nécessaire, nous le verrons, avant et après le 22 octobre 1844.
12:34 Écrit par fades | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Historique, William Foy | | Facebook
Commentaires
Salut, jai beaucoup aimé vos recherches sur l'histoire de l'adventisme. Je suis moi même un adventiste et du faite que vous parler de prophète dans l'histoire adventiste, j'aimerais savoir ce que vous pensez de ce que dit Dick anderson sur son site au sujet d'Ellen White.
Que DIEU te benisse
Écrit par : S.T972 | 02.01.2008
Les arguments d'Anderson ne résistent pas à l'analyse historique mais, par faute d'espace, il n'est pas possible ici d'entrer dans les détails. Patience ! Nous aurons l'occasion d'examiner les faits historiques sur la vie d'Ellen White et les critères bibliques qui définissent un prophète, et qui, à mon avis, sont la meilleure manière de répondre à votre question.
Écrit par : JLC | 02.01.2008