Echange avec JL Chandler (20.02.2008)

5feb1a5ffeaa04ddf2e94d5c41c08269.jpgDans le souci de mieux vous permettre de percevoir les enjeux de la saga historique que vous offre JL Chandler ici, voici, comme annoncé, un échange intégral que j’ai eu avec ce dernier, avec son accord. N’hésitez pas à intervenir en commentaire. Pourquoi vous présenter cet échange privé. Premièrement parce qu’il est une continuité des présentations de Chandler. Deuxièmement ils permettront de mettre en évidence les perceptions différentes de celles-ci. Vous verrez par exemple mes questionnements qui avaient pour but de centrer sur l’aspect scientifique. Mais bien plus, vous accéderez aux précisions de JL Chandler qui conduisent le lecteur à entrer de plein pied dans le travail de l’historien et son difficile aspect pédagogique qu’est la restitution concise et précise.

Cher JL,

Concernant la présente note, je m'apprêtais à la publier sur le blog, mais une critique de fond me pousse à te demander des précisions.

Est-il possible, de détacher le discours et l'interprétation théologique au profit d'une mise en évidence factuelle, pour ainsi en dégager un discours historique ? En effet même si on joue le jeu comme dans les précédentes notes d'entrer dans la saga, il y a des passages qui sont proprement adventistes (théologie) et non scientifique, même si cela n'engage en rien leur véracité. Exemples:

  1. quand tu introduis le commentaire apostolique il s'agit là d'un prolongement théologique, mais qui n'est pas historique. Par contre la citation de Joël est extrêmement à propos ici.
  2. en quoi le détour sur la théologie perfectionniste éclair le texte, sachant qu'il aurait fallut sur ce point convoquer des théologies de St Augustin à Luther pour ne pas enfermer dans un regard adventiste ?
  3. Dans un même constat historico-éthique tu vas de la dépravation morale à la bombe nucléaire. S'il est vrai que dans une allocution cela va, mais contextuellement cela ne semble pas tenir, puisque les faits en question s'étalent sur plus d'un siècle, ce qui va au-delà du contexte de l'émergence prophétique adventiste.
  4. Plus important, on ne perçoit pas le comparatisme historique. Elle permettrait de préciser le contexte. En effet, l'ébullition prophétique n'était pas spécifique à l'adventisme. Sur ce point la SDA s'inscrit dans une dynamique. Elle n'en sera d'ailleurs pas la dernière. L'idéal, de mon avis, est préciser les particularités de ce prophétisme adventiste qui dépasse le genre, puisque d'autres prophétesses célèbres (Mary I. Clark, etc.) étaient connues.

Voilà une série de questions pour aider à mieux te lire et surtout éviter les critiques

 

 

Réponse de Chandler :

Cher Fabrice,

Merci pour tes questions et tes excellentes remarques qui me permettent d'expliquer un peu les choses.
Cette note est en effet plus théologique que d'habitude car elle explique que la raison majeure du succès du courant sabbatiste est théologique. Figure-toi, à ma grande surprise, je lisais la semaine dernière un livre de l'historien Georges Knight sur Joseph Bates et il décrivait exactement les mêmes contrastes théologiques entre les courants adventistes (dans beaucoup plus de détails que moi) et les mêmes conséquences.

Je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu entends par "le commentaire apostolique"- est-ce à propos du don de prophétie ou sur le perfectionnisme ? Une chose est certaine, les adventistes se distinguent par la croyance du "don prophétique qui ne s'est pas éteint depuis les temps apostoliques". Mentionner leur position historique sur le sujet est donc très important. J'explique aussi que la cause des agissements spiritualistes est le perfectionnisme. Les historiens s'accordent là-dessus. Or précisément ce n'est pas un phénomène purement adventiste. Dès le début du christianisme, les apôtres ont été confronté à cette déviation théologique. J'explique, et là il faut bien donner une explication théologique pour que le lecteur comprenne, que les spiritualistes se sont mis dans une impasse car plus le temps passera, plus il sera évident qu'ils ne sont pas parfaits et sans péché. Cependant, tu as raison : deux phrases ressemblent plus à du commentaire qu'à une explication théologique contextuelle.
Sur la question des "faits qui s'étalent sur plus d'un siècle", il y a une chose que j'aurais dû préciser. C'est une lecture historico-prophétique de la situation. Pour dire les choses autrement, les sabbatistes pensent que le "timing" de l'apparition du don de prophétie conféré à Ellen White n'est pas le fruit du hasard. Il anticipe, il arrive à point nommé par rapport à une situation mondiale qu'ils savent qui va se dégrader, d'autant plus qu'elle prédira certaines de ces choses. En d'autres termes, elle n'est pas une prophétesse du XIXème siècle mais pour tout le temps de la fin. Car en fait, les sabbatistes ne le savent pas encore (heureusement pour eux !), le déroulement de la fin sera plus long qu'ils ne croient.
Sur l'ébullition prophétique de l'époque, j'effleure le sujet dans la note mais la question sera abordée dans les notes à venir. Pour finir, je m'aperçois en écrivant ces notes qu'il y a beaucoup à expliquer, surtout pour un public qui ne connaît pas forcément les références théologiques, le contexte historique, et les repères de la longue histoire du christianisme. Or il faut rester concis et intéressant, tout en étant pédagogique. Des remarques comme les tiennes permettent de voir ce qu'il faut préciser et ajuster. Je vais donc corriger la note sur certains détails.


Jean-Luc

02:12 Écrit par fades | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : historique | |  Facebook