Sociologiser

Mais ce que je voudrais mettre en évidence est beaucoup plus léger et non moins révélateur. Durant les vacances, mon épouse et mon fils aîné m'ont obligé à regarder la télé avec eux. Le supplice était total. Les règles étaient simpleS: 1) je ne pouvais pas choisir les programmes, 2) je ne gérais les heures de fin, 3) pas de sport t 4) je pouvais me lever pour aller au toilette uniquement pendant la pub. J'ai respecté ses règles deux ou trois fois puis j'ai abandonné en faisant face à une vindicte familiale. Puis notre vieux téléviseur a lâché. Oui, ce n'est pas une blague: le bonheur. Non, mon malheur. J'explique: le décès du téléviseur a été constaté alors que j'étais absent. A mon retour j'ai été réquisitionné pour immédiatement remplacer la TV. Ce ne fut pas immédiat, mais j'ai du après résistance, me soumettre à la demande familiale. Et là, après m'être une fois de plus adonné aux règles 1, 2, 3 et 4 d'observation de la TV, je me suis rappelé les travaux de Lambert sur les jeunes, ceux de Stéphane François et mon observation naïve.

J'ai vu un ensemble de séries principalement sur TF1, M6, W9, Disney XD... (je deviens expert en programme) le même acteur principal. Il est présent dans NCIS, FBI porté disparu, Esprits Criminels... Avec la prise d'otage du bus sur LCI, I Télé ou BFMTV, ma conviction était maintenant devenu un fait vérifié. Le héros des films et des séries TV n'est plus la superficielle femme, l'acteur rêvé des adolescentes. Le héros aujourd'hui est le cadavre. Oui, je dis bien le cadavre. Le mort montré dans son état brut et sous tous les plans. Avec le cadavre la mort est zomée, écortiquée, découpé, déshabillé, troué, et surtout aimé. La mort enchantée puisqu'à la TV mais aussi désenchantée puisque mise à nue. Pour qu'il y ait l'audimat le sexe n'est plus à la mode. C'est la mort qui plait. Et là je reviens à Lambert et François. Comment? Mais simplement parce que la mort télévisuelle attire tout le monde dont les plus jeunes. Son adulation, son pouvoir d'attraction était jusque là souvent l'apanage de cultures dites underground. Mais maintenant, certes sous des formes médiatiques subtiles la mort et toute sa symbolique est vulgarisée.

La situation n'est pas nouvelle. C'est sa médiatisation qui l'est et le degré de vulgarisation qu'elle entraîne. Par exemple, pourquoi à 14h, un mercredi, il y a t-il des films avec le cadavre pour héros, qui s’achètent une bonne conscience avec des logos "interdit aux moins de 10 ans"? C'est quand même fou!

Que dire de cela? Je pense que les commentaires sont évidents. Mais retenons que l'intérêt pour la mort n'est pas l'apanage de fascinés, de cultures exotiques ou de groupes religieux. C'est une inclinaison bien humaine. Regrettons qu'elle s'invite dans des formes et des heures inappropriées à la TV. Et là, ce n'est pas que la mort qui est concernée.