Découvrir un groupe religieux minoritaire (20.05.2006)
Près de 14 millions d’individus sont des membres de l’Eglise Adventiste. Dans l’hexagone on en compte entre 10 et 11 000. Si on rajoute les 27 900 adventistes des DOM TOM (Nouvelle Calédonie comprise), on dénombre officiellement près de 39 000 adventistes en France . Pourtant cette religion et ses membres sont méconnus . Voilà quelques chiffres pour mieux les penser.
Extrait de : General Conference of Seventh-day Adventist, 141st annual statistical report, Office of Statistics, 2003
Activités cultuelles :
- 13 400 000 membres
- 55826 églises.
- Près de 4 000 000 de personnes étaient suivis dans le cadre de la catéchèse.
- Une représentation officielle dans 204 pays.
- Elle salariait en 1999, 165 882 personnes dont plus de 16 000 pasteurs, et pouvait compter sur la présence de 8 540 pasteurs retraités, dont un grand nombre garde souvent une importante activité au sein des communautés locales.
Actions éducatives
- 6 600 écoles
- 99 universités et écoles supérieures.
- Personnel éducatif 55 000
Actions médicales et humanitaires.
- 700 institutions (hôpitaux, dispensaires, bateaux et avions sanitaires...)
- Personnel médical mobilisable : 97 000.
- Pour ce qui est spécifiquement de l’humanitaire la présence adventiste touchait 122 pays, et plusieurs centaines de millions de dollars US avaient été investis, notamment au sein des 27 industries alimentaires.
Activités de média.
56 maisons d’éditions publiaient les ouvrages et quelques 441 revues en 349 langues.
9 centres audiovisuels. Seul ou en coopération le groupe diffusait 5 299 heures hebdomadaires de programme radiophonique et 2 096 heures de programmes télévisuels.
23:35 Écrit par fades | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Statistiques, Historique, Eglise Adventiste, Sciences Humaines, Sociologie | | Facebook
Commentaires
Pour information, un article publié dans l’édition du 14 Mars 2006 quotidien « Le Monde » et intitulé « Les protestants s'inquiètent du « regard soupçonneux » antisecte » indiquait à ses lecteurs que la Fédération Protestante de France (FPF) a accueilli cinq nouvelles Eglises, lors de son assemblée générale, samedi 11 mars à Paris. Parmi elles, l'Union des fédérations adventistes de France.
Le journaliste soulignait que les Adventistes du septième jour se voient souvent reprocher une « vision apocalyptique » du monde et une lecture littérale de la Bible. Le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la FPF, s’est défendu de "ternir l’image de la Fédération" en acceptant les Adventistes. Le pasteur de Clermont s’est également inquiété de "la phobie antisecte" et du "regard soupçonneux d’une part de la population française à l’égard du mouvement évangélique".
Que faut-il en penser ?
Sébastien Lherbier-levy
Écrit par : Sébastien Lherbier-levy | 06.04.2006
Sébastien,
L'adventisme demeure un mouvement fortement littéraliste. Un véritable biblicisme y existe. Cependant c'est la marque de nombreux mouvements. D'autre part c'est une religion millénariste. En ce sens il y a un fort accent mis sur la parousie et le développement d'un discours eschatologique.
Si ce positionnement idéologique des adventistes n’est en rien nouveau puisque trouvant ses racines dans les réveils anglo-saxons, la vivacité de ce mouvement interroge. De ce fait, comme « nouveauté » dans l’espace religieux français, il l'est comme le note Goffman stigmatisé. Il est étonnant par exemple de lire dans La vie du 20 mars 2003 reproché à l’adventisme un fondamentalisme parce que contre l’homosexualité, les relations sexuelles hors mariage, l’avortement, et croyant en la parousie.
Cette position défendue par Jean Mercier montre un double procès fait à l’adventisme et en général aux groupes religieux minoritaire. Premièrement on accuse le groupe de choses inconnues de ce dernier. Dans le présent cas il n’existe pas de position du groupe sur l’avortement. Deuxièmement, l’auteur ne fait que marquer l’aspect puritain de l’adventisme qui est un trait commun à nombres de groupes. Alors que reste-il si ce n’est pas une crainte de la « nouveauté » religieuse que représente un groupe que l’on ne connaît pas. On est donc plus dans la crainte de l’inconnu, que dans un procès basé sur de solides fondements. Ces mêmes remarques peuvent également être faites concernant l’article de Charlie Hebdo (04.01.2006) accusant l’adventisme de faire pression sur le gouvernement concernant la loi sur la laïcité, en demandant au législateur de ne pas faire la différence entre le « cultuel » et le « culturel ». Cela montre le niveau d’ignorance du religieux d’un tel journal, qui a la capacité de faire la distinction entre un fait cultuel et culturel dans une communauté religieuse oubliant que la démarcation entre le cultuel et le culturel est une construction politique, et pour dire les choses brutalement, une stratégie fiscale !
Quoi qu’il en soit quand on regarde le La Croix (09.03.06), il faut noter une évolution de la pensée journalistique, qui semble se résigner à la présence d’un religieux protestant inconnue d’elle. Car là est le centre du problème. L’ouverture de la F.P.F aux adventistes mais à d’autres groupes, permet à la Fédération Protestante d’intégrer en son sein les influences anglo-saxones. Ainsi celle-ci, bien qu’elle s’en défende, ne fait que prendre acte de l’évolution du religieux, de plus en plus morcelé, et plus généralement de l’évolution de la relation entre société(s) et religieux.
Une dernière chose. L’adhésion de l’Union des Eglises Adventistes à la F.P.F marque aussi un tournant dans l’adventisme. Sociologiquement il me semble (cela n’engage que moi) que le groupe marque une évolution vers le type dénomination, c’est-à-dire une religion plus ouverte et consensuelle ave l’ensemble de la société. Et puis, cela montre également comment l'église adventiste devient dans son organisation, un groupe qui s'oriente vers un protestantisme français, se spécifiant quelque peu du protestantisme américain. N’est-ce pas là que les républicains les plus avertis devraient se réjouir ?
Écrit par : fades | 08.04.2006