L'ONU met la Polynésie sur la liste des territoires non autonomes (18.05.2013)
Ce vendredi 17 mai l'ONU a intégré la Polynésie française dans la liste des territoires non autonomes. Contrairement à ce qui est annoncé partout à chaud il n'y a rien d'exceptionnel dans cette démarche. Certes, pour les polynésiens c'est bien plus qu'un symbole. La France a déjà vigoureusement marquée son désaccord.
La liste existe depuis 1946. Elle doit être perçue au travers des gènes constitutifs de l'ONU. A la fin de la deuxième guerre mondiale, près de 750 millions d'individus vivent dans des régimes politiques coloniaux. L'ONU pointe du doigt cette anomalie, terreau fertile pour de nouveaux conflits armés. En 1960, période marquée par les débats et mouvements décoloniaux l'ONU adopte une Déclaration sur « L'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux ». Dans celle-ci, elle se considère comme un moyen d'aider le mouvement vers l'indépendance dans les territoires sous tutelle et les territoires non autonomes. La hantise de voir de nouveaux conflits est bien l'arrière plan de cette Déclaration. D'ailleurs l'Assemblée note qu'il y a un important risque d'avoir des « conflits croissants qu'entraîne le fait de refuser la liberté à ces peuples ou d'y faire obstacle, qui constituent une grave menace à la paix mondiale ».
Nombreux territoires sont à l'époque concernés. Cette liste de territoires où le droit à l'autodétermination n'est pas reconnu s'est allongée depuis sa création. Des espaces comme Gibralta, les Bermudes ou le Sahara occidental. Concernant la France, la Polynésie rejoint La Nouvelle-Calédonie.
Par définition cette liste pointe les anciennes puissances coloniales et est un témoin des conséquences politiques de décolonisations inachevées. Au total 16 territoires sont spécifiés par l'ONU.
Cette liste est historiquement un marqueur objectif sur les conquêtes des libertés. Cependant elle ne doit pas être assimilée à une liste pour l'indépendance de peuples. C'est là le problème dans la lecture relayée dans l'actualité. L'ONU établie cette liste pour encourager l'autodétermination des peuples. Cette autodétermination peut conduire à l'indépendance. Aujourd'hui, en pleine crise économique, instabilités politiques et défiances envers les politiques, tout pense à croire que l'autodétermination de nombreux peuples conduiront à un refus de l'indépendance.
Soyons précis ; l'autodétermination est la consultation des peuples sur leur choix de rester sous la tutelle d'un pays tiers. Cette consultation peut entraîner plusieurs perspectives : (1) garder le lien actuel, (2) le faire évoluer tout en le gardant ou (3) s'affranchir en devenant un nouvel Etat. L'analyse des opinions dans les territoires français concernés, y compris dans les autres susceptibles de l'être (notamment les DOM) démontrent que les peuples veulent une reconnaissance de leur statut de peuple et non une indépendance politique. La différence est importante. Les spécificités culturelles, historiques, sociales oui. L'indépendance non. C'est, je crois, la confusion, entre ces deux éléments, qui renforce une lecture orientée de la Résolution. Les esprits chagrins, populistes et souvent médiatiques concluront à une envie d'indépendance. Ils n'hésiteront pas à indiquer que les territoires français éloignés coûtent très chers à la France. Ce qui est extrêmement faux et doit être vérifié car tout dépend de ce que l'on veut bien compter.
En un mot, l'ONU par sa résolution a simplement mis à jour une ancienne liste qui historique était importante et qui aujourd'hui n'est rien d'autre qu'une base de données à l'importance relative. Rien pour fouetter un chat ! Cependant, elle demeure pour les peuples concernés un symbole majeur pour leur reconnaissance certainement et peut être pas leur indépendance. Et pour l'ONU la réponse à cette question passe par le respect du doit à l'autodétermination et rien d'autre. D'ailleurs, je fais le pari que ce vote connaîtrait une faible participation et déboucherait à une affirmation du besoin de rester dans la République française. Et croyez-moi, cela ne changerait rien aussi aux problématiques sociales, économiques et politiques qui traversent la Polynésie française et plus largement les territoires d'Outremer. Tout cela, comme le rappelle la résolution 1514 n'est rien d'autre qu'un préalable pour des « conditions de stabilité et de bien-être et des relations pacifiques et amicales fondées sur le respect des principes de l'égalité de droits et de la libre détermination de tous les peuples, et d'assurer le respect universel et effectif des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion ».
11:56 Écrit par fades | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : onu, polynésie française, autodétermination, indépendance | | Facebook
Commentaires
Un éternel satisfaction parcourir a lire ce poste, je vous en remercie vraiment.
Écrit par : bonus parie sportif | 28.02.2014