Les délégués de l'Eglise adventiste votent contre l'ordination des femmes (09.07.2015)
Après des années de travaux, de réflexions, de consultations, les délégués de l'Eglise adventiste ont rejeté l'ordination des femmes lors de sa Conférence générale (Assemblée générale) ce 9 juillet 2015 à San Antonio. Dans un tohu-bohu et une ambiance électrique, sur les 2363 délégués votants, 977 votèrent oui et une majorité de 1381 opta pour le non (5 abstentions). Bien plus que le résultat ce sont les débats qui interpellent. Un clivage entre deux adventismes c'est fait criant faisant échos à mes travaux. Les délégués d'Afrique et d'Amérique du sud pesèrent fortement vers le non.
Malgré différents rappels à l'ordre de Mike Ryan, Vice Président de la Conférence générale, les débats furent d'une tension extrême et l'absence de respect lors des échanges a marqué les esprits. L'ancien Président de la Conférence générale, Jean Paulsen, ferme défenseur du oui à l'ordination des femmes, cibla les délégués d'Afrique et d'Amérique du Sud ce qui attisa les tensions.
Les arguments objectifs sont nombreux en faveur de l'ordination, mais c'était sans oublier l'impact des délégués qui représentent des églises où la place de la femme dans le religieux et l'ensemble de leurs sociétés n'est pas la même que dans les pays dit du nord. Finalement, à l'image des différences entre le protestantisme du Nord et du Sud, pour reprendre l'expression de Jean Pierre Bastian, l'adventisme n'échappe pas au clivage du religieux installé dans les pays développés et ceux qui sont en développement. Le problème n'est pas qu'adventiste. Les autres groupes protestants ou encore le catholicisme composent aujourd'hui avec ces oppositions.
Pourtant, l'accès ou pas des femmes au rang de pasteur n'est pas une croyance fondamentale adventiste. Les crispations entraînées par ce débat et le refus qui en découla dans une église en grande partie fondée théologiquement par une femme, Ellen G. White porte à questions. Notons que l'argumentation rationnelle ne résiste pas aux influences culturelles dans le débat. Les arguments théologiques que se lancent les partisans du oui ou du non ne font que traduire les différentes perceptions culturelles et sociales de la place des femmes et des enjeux qui l'accompagne.
Les responsables de la Conférence générale avaient pourtant pris les précautions nécessaires sachant les sensibilités sociales et culturelles qui entourent plus largement la place des femmes. Ainsi la question soumis aux délégués de la Conférence générale proposait une liberté d'application de l'ordination des femmes dans les différents territoires (appelés Divisions) de l'Eglise adventiste. Concrètement, après une longue introduction de Tedd Wilson, Président reconduit de la Conférence générale, les délégués pouvaient voter : « en faveur », « en défaveur » ou « dans l'indécision ». La question posée fut la suivante – remarquez l'ensemble de précautions :
Après avoir dans un esprit de prière étudié la question de la consécration dans la Bible, les écrits d'Ellen White et les rapports des commissions d'études, après un examen attentif de ce qui sera le mieux pour l'Eglise pour l'accomplissement de sa mission, jugez-vous acceptable que les comités exécutifs des Divisions, s'ils l'estiment appropriés dans leur territoire, puissent prendre des dispositions en vie de la consécration des femmes au ministère pastoral ?
La question intégrait donc la possibilité d'une application nuancée ou différentes en fonction des aires territoriales. Targuant l'unité de l'Eglise, les délégués qui étaient contre pesèrent en leur sens. De plus, l'Eglise adventisme étant une église où l'interconnexion par migration et les échanges entre communautés sont importantes, voter oui apparaissait comme ouvrir la boite de Pandore.
Quoi qu'il en soit, ce sont dans les délégués des espaces culturels où l'adventisme connaît sont plus fort dynamisme que les réticences et le refus existent massivement. Cela donne à penser, à réfléchir sur le devenir adventiste. Les nombreuses questions de sociétés auxquelles cette Eglise doit faire face n'est donc pas une simple question théologique, mais un enjeu social aux conséquences religieuses.
22:58 Écrit par fades | Lien permanent | Commentaires (4) | | Facebook
Commentaires
C'est la volonté de Dieu que le non gagnt pour l'ordination de femmes comme pasteur dans l'église. Nous devons faire la volonté de Dieu et non celle de l'homme. Merci
Écrit par : kodjo HEGBOR | 10.07.2015
C'est dommage que les delegues de la 60eme assemblee de la conference generale n'ont pas pris en compte les justes conseils de l'ancien dirigeant de l'eglise mondiale pr Jean Paulsen. D'ici peu de temps la consecration des femmes au Ministere s'imposera a tous. A force de refouler les femmes au consistoire juif on arrive a placer de force une femme a la tete du consistoire.
Pour moi le moment n'est plus a la dissimulation, nous vivons le moment le plus critique de l'histoire, c'est le moment ou nous devons reconcilier avec Dieu, avec nous-memes, avec nos soeurs et freres. L'Eglise a besoin de tous , enfants , adultes , hommes , femmes, vieillards pour la mission et pour l'unite . Aussi devons-nous mettre de cote nos interets personnels pour que nous donnions a l'esprit saint l'occasion de nous remplir pour la grande controverse finale.
O. Ecclesiaste
Écrit par : o. Ecclesiaste | 07.08.2015
Bonjour,
Je n'étais pas contre, je ne comprenais même pas que cela puisse poser problème. Mais beaucoup de mes amis (hommes) étaient contre. C'est vrai qu'il y a des sensibilités culturelles mais beaucoup d'américains qui sont pourtant occidentaux étaient contre. Je sais de quoi je parle car un ami vivant en Angleterre postait toute l'actualité US sur ce sujet, sur sa page Facebook.
Je suis Antillaise et je suis d'accord avec Paul quand il dit qu'en Christ : "Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ". Galates 3:28
Nous avons encore beaucoup de chemin à faire pour y arriver mais gardons espoir.
Écrit par : Lydie Parmas | 10.08.2015
je pense que ceux qui ont voté pour la consécration de la femme, même s'ils ont eut quelques arguments fondés sur les saintes écritures; et même ceux qui ont voté contre, tous ont été influencés par leur environnement socio-culturel vis à vis de la femme.
Écrit par : Kakule Malambo | 20.08.2015