Adhésion de l'Eglise Adventiste à la Fédération protestante (2) (14.08.2006)
Je m'étais engagé auprès de vous à revenir sur la question de l'adhésion de l'Eglise adventiste à la FPF. J'aimerai dans les mois qui suivent vous proposer une lecture en terme de "reconnaissance mutuelle". Pour cela j'attends que se réalise une journée d'Etudes sur la question, qui est en cours d'organisation avec différents spécialistes. Après les vacances je serai en mesure de vous en dire plus. Pour l'instant, Charles, lecteur habituel de ce blog, membre de l'Eglise Adventiste, indique, l'interview suivante de JP Barquon, nous deveçant sur ce thème de la "reconnaissance mutuelle". Cette dernière, donnée au Magazine Aleloo, explicite dans un langage pédagogique, court et simple (format évidemment contraingnant de ce genre d'exercice) l'adhésion adventiste à la FPF. En attendant que je vous propose une vision qui sera complémentaire à celle-ci, de mon avis, cette interview demeure pédagogique.Au passage notez l'évolution des chiffres de l'adventisme surtout dans les DOM/TOM et la place d'Ellen Whote dans la présentation que fait Aleloo de l'adventisme.
INERVIEW EXTRAT DE ALELOO MAGAZINE
Adventisme et protestantisme : une reconnaissance mutuelle.
Le 11 mars dernier, l’Union des fédérations adventistes de France (UFA), a été admise au sein de la FPF, après deux ans de probation. Critiqués par certains chrétiens évangéliques, en raison de leur attachement au sabbat et surtout aux écrits de la prophétesse Ellen White, les adventistes du 7ème jour sont désormais officiellement membres de la grande famille protestante - en France et dans plusieurs autres pays. Le pasteur Jean-Paul Barquon est secrétaire général et responsable du département des communications de l’UFA. Il estime que cette adhésion répond à la reconnaissance par les adventistes de leurs racines protestantes.
Une Eglise évangélique un peu particulière
L’adventisme, a été organisé en dénomination aux Etats-Unis en 1863. Il est né dans les années 1840 d’un mouvement de réveil interconfessionnel annonçant le retour imminent du Christ. Il est présent en France depuis 1874 (l'Eglise adventiste du septième jour a été officiellement organisée en association cultuelle le 26 janvier 1918). A l'heure actuelle, il y a 11 000 adventistes en France métropolitaine (33 000 dans les Dom/TOM) et 13 500 000 dans le monde (membres adultes baptisés). Ces chiffres n'incluent pas les nombreux enfants et sympathisants. Les croyances fondamentales des adventistes sont les mêmes que celles des évangéliques : justification par la foi seule, salut par grâce, pleine autorité des Ecritures (sola scriptura), etc. Certaines croyances « particulières », telles que l’observance du sabbat/samedi ou la non-immortalité de l’âme, sont en fait héritées d’autres mouvements protestants. Quant à l’autorité des écrits d’Ellen White, l’une des pionnières de l’adventisme, elle n’est pas placée sur le même plan que celle de la Bible.
Aleloo.- L’Union des Eglises adventistes de France vient d’adhérer à la Fédération protestante de France : quelles ont été les motivations de cette adhésion ?
Jean Paul Barquon.- En adhérant à la FPF, l’Union des Fédérations adventistes de France (UFA) n’adhère pas à une Eglise protestante. D’une part la FPF n’est pas une Eglise : c’est une association loi 1901 qui rassemble une variété d’églises issues de la Réforme protestante, mais aussi de différents mouvements de réveil. Elle rassemble également des IOM (Institutions, œuvres et mouvements). D’autre part, il n’existe pas une église protestante mais des églises protestantes : une famille issue de deux grands courants historiques (luthériens et calvinistes-réformés) mais encore des libristes, des baptistes, des évangéliques, des pentecôtistes et des charismatiques. Cette diversité est une richesse. Depuis la séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905, il était inévitable que tôt ou tard l’Eglise adventiste du septième jour se retrouve dans ce panel. Se démarquer du phénomène sectaire peut entrer en considération mais ce n’est pas une motivation essentielle, car ce serait superficiel et bien incomplet. La motivation principale est simple : reconnaître nos racines protestantes, considérer les autres églises comme des partenaires et non pas comme des adversaires.
A.- Comment s’est effectué le processus d’adhésion et comment cette adhésion a-t-elle été reçue par les Eglises adventistes ?
J.P. B.- L’Eglise adventiste a été invitée dès 1905 à devenir membre de la Fédération protestante, puis en 1946 la demande fut renouvelée par le président de la FPF, le pasteur Marc Boegner. Ce n’est pas une nouveauté. Mais le président de l’unique Fédération adventiste de l’époque se tournant vers ses responsables hiérarchiques pour obtenir un conseil à ce sujet, n’a pas été encouragé à aller dans cette direction. Les mentalités évoluent. Les pasteurs adventistes ont une solide formation théologique universitaire et se considèrent comme de véritables protestants. Au sein d’un même pays comme la France, en raison du brassage de la population, nous trouvons au sein de nos églises, une pluralité culturelle et une grande diversité ethnique. Il est possible de trouver des membres dans nos églises qui regardent les autres dénominations religieuses au sein du protestantisme comme des concurrentes, voire des adversaires à l’implantation du message adventiste. Or, nous devons apprendre à respecter les autres. La décision au sein de l’Eglise adventiste de France ne s’est pas faite d’un coup de baguette magique. Elle émane dans un premier temps de la résolution de plusieurs assemblées générales de l’Union franco-belge, de 1991, de 1993 puis de la consultation du corps pastoral, de comités des deux fédérations adventistes de France, d’une rencontre spéciale à Lyon en novembre 1995, de visites dans les églises et d’une assemblée générale de l’Union du 8 février 2003, avec le vote favorable de la majorité des délégués (86 pour et 18 contre). Ces différentes consultations, et votes ont permis de déposer définitivement notre candidature à la FPF. Entre temps depuis 1993, il y a eu la naissance d’une commission paritaire émanant du Conseil de la FPF qui a entrepris un dialogue régulier sur l’examen de toutes les croyances de l’Eglise adventiste. Puis le dialogue s’est instauré au niveau local dans les différentes régions avec les pastorales, pour aboutir à deux années de probation à compter de 2003. Le 11 mars 2006, lors de l’assemblée générale de la FPF, au même titre que les quatre églises évangéliques de type pentecôtiste en demande, l’UFA est devenue membre de la Fédération protestante de France avec sur 68 délégués votants, 63 voix favorables, 2 abstentions et 3 non.
A.- A-t-elle dû faire des concessions sur le plan théologique ou éthique pour y parvenir ? Est-elle plus ou au contraire moins « évangélique » à présent ?
J.P.B.- Pourquoi faire des concessions sous prétexte d’adhésion ? Si l’on n’avait pas été capable de nous prendre tels que nous étions, nous n’aurions pas accepté de devenir membres de la FPF. La FPF n’est pas une Eglise et elle ne demande pas à ses membres d’aligner leurs confessions sur un modèle présenté comme un étalon avec une profession de foi commune à tous. La Charte de la FPF précise clairement dans son préambule que « chaque Eglise membre de la FPF conserve les formulations de la foi, les expressions cultuelles, les formes de présence dans la société et les priorités du témoignage auxquelles elle est attachée. » Notre adhésion ne nous a pas rendus plus ou moins évangéliques qu’avant. Tout chrétien qui croit en Jésus-Christ et passe par une nouvelle naissance en vivant dans la grâce, ne peut être qu’évangélique. Nous n’avons pas besoin, en tant qu’adventistes, d’une adhésion pour devenir évangéliques. Là encore les préjugés sont parfois tenaces, à notre égard, au sein du courant évangélique français, notamment en raison de trois aspects : le regard que nous portons sur Ellen White, puisque nous acceptons les dons spirituels, le maintien du culte le sabbat et notre attachement à certains principes de santé . Mais ni le don de prophétie, ni la pratique du sabbat, ni l’adhésion à des principes de santé ne sont des conditions de salut. Certains évangéliques pensent que nous avons remplacé les écrits bibliques par ceux d’Ellen White. Si c’était le cas, ce serait de la pure hérésie. La Conférence générale des adventistes s’est exprimée sur cela depuis bien longtemps et l’a rappelé par une déclaration en juin 1982. Lors du dialogue entrepris avec la Fédération luthérienne mondiale, de 1994 à 1998, cet aspect a été largement abordé, sans complexe. Les adventistes considèrent les écrits bibliques comme l’autorité normative sans aucune réserve (norma normans). Mais les luthériens comme les adventistes attribuent une autorité à d’autres documents considérés comme norme dérivée (norma normata). L’autorité d’Ellen White est une autorité dérivée. Elle a fermement souscrit au principe du sola scriptura et les adventistes testent ses écrits d’après l’Ecriture, d’où l’existence du centre de recherche WhiteEstate.
A.- Qu’attendez-vous de cette adhésion ? Que va-t-elle apporter à l’Eglise adventiste de France ? Que vont apporter les adventistes aux autres Eglises membres ?
J.P.B.- J’attends de cette adhésion ce que toutes les Unions ou fédérations membres de la FPF sont en droit d’attendre conformément à la Charte : un témoignage commun de l’Evangile, une complémentarité des dons et des compétences, une interpellation réciproque, une parole commune sur des problèmes éthiques à transmettre à nos contemporains, etc. Mais j’attends surtout l’existence d’une commission théologique, voire d’un colloque sur des thèmes précis, pour montrer enfin que nos particularités, comme la célébration du culte le sabbat à notre niveau, ne sont pas une fantaisie. La société biblique française, avec l’Alliance biblique, a profité depuis longtemps de la présence d’exégètes adventistes, qui ont contribué, par exemple, à la traduction de la Nouvelle Bible Segond. Les protestants « historiques » ne se sont jamais plaints de la contribution des adventistes au CPCV (Comité protestant des centres de vacances), aux émissions du service télévisé protestant de France 2, aux émissions de radio ou même des accords de la Faculté de théologie protestante de Strasbourg avec la Faculté adventiste de Collonges-sous-Salève.
A.- Peut-on envisager de voir un jour l’Eglise adventiste membre d’une fédération évangélique telle que la FEF ?
J.P. B.- Ce n’est pas à l’ordre du jour. La FPF a une dimension différente de celle de la FEF. La FPF existe depuis 1905, alors que la création de la FEF est beaucoup plus récente. La FEF est nécessaire puisque les Eglises évangéliques sont souvent de type congrégationaliste et ne sont pas forcément organisées et structurées. D’une manière générale, nous nous sentons proches des chrétiens évangéliques, au niveau du vécu et du dynamisme. Mais aussi nous nous sentons proches des églises protestantes historiques au niveau de la formation théologique du corps pastoral. Ceci dit, je crois qu’il est nécessaire que l’UFA entreprenne un dialogue avec l’AEF (Alliance évangélique française) et avec la FEF pour éviter les malentendus et les préjugés, mais pas en vue d’une adhésion.
Source: Aleloo Magazine
09:50 Écrit par fades | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : eglise adventiste, fédération protestante de france, groupes religieux minoritaires | | Facebook
Commentaires
UNE REPONSE SUIT LE PRESENT COMMENTAIRE DE JL ROLLAND. MERCI D’Y PORTER EGALEMENT ATTENTION
"Merci pour cet article très intéressant. C'est une mise au point très pertinente. Juste trois petites réflexions quand même :
1° Il y a un contresens dans l'usage du mot "croyances fondamentales". Les adventistes ont publié une profession de foi en 1980 intitulée justement "croyances fondamentales". Cette dernière n'est pas un credo, son préambule indique d'ailleurs très bien que ces croyances peuvent évoluer et qu'elles ne sont pas définitives. Nous touchons ici à l'une des caractéristiques essentielles de la foi adventiste qui me semble peu con nue en milieu francophone. Historiquement les adventistes ont appelé cela "vérité contemporaine" (present truth) soulignant que Dieu seul est infaillible dans ce qu'il sait. Ce que le croyant comprend de Dieu n'est pas la totalité de la pensée divine, mais - en dépit de sa foi, de sa sincérité et de sa piété - une formulation humaine, parfois déformé, appauvri, de la pensée de Dieu. Certes la Bible est une source fantastique pour apprendre à connaître Dieu. Mais le lecteur que je suis la lit de façon humaine et limitée. Peut-être même prisonnière de réflexes culturels, religieux. L'adventisme n'est pas le seul à le dire, c'est vrai, mais aime le rappeler. Sur les croyances partagées avec l'évangélisme, il y a des points de contact et de rupture.
2° Le mot "évangélique" est mentionné 7 fois dans le texte. Mais il pose question. Tout d'abord qu'est-ce que l’évangélisme ? Il y a là aussi beaucoup de pluralité ? Entre un Amish, un Philip Yancey, un chrétien post-evangelical qui remet en question l'inspiration verbale de la Bible, un membre de la FEF et un membre de l'AEF, un George Bush et un Eric Denimal il y a des distances souvent radicales. Plus encore, certains évangéliques sont tentés de penser que leur foi représente fidèlement la foi "évangélique" telle qu'elle s'exprimait au 19ème siècle. Cela se discute beaucoup. Par ailleurs cette tentation existe lorsqu'un chrétien "évangélique" estime que la mouvance "évangélique" est la seule héritière, la plus fidèle, des réveils, voire du protestantisme historique. Cela se complique donc. Cette lecture de l'histoire risque d'être un peu arrogante.
Autre question touchant à l'usage du mot "évangélique" dans cet article, celle de l'appartenance de l'adventisme à cette mouvance. Impossible d'y répondre tant que l'on ne définit pas ce que signifient les termes. Je crois personnellement que l'adventisme est une famille elle aussi héritière des réformes du 16ème siècle, du puritanisme (attention au sens que l'on donne à ce mot, les médias ne sont pas toujours des experts, des piétismes, du méthodisme, des awakenings, revivals, réveils, entre autres. Ceci comme l'évangélisme tel qu'il prend forme dans les années 1940. Mais cela ne justifie pas l'utilisation du label "évangélique" pour qualifier l'adventisme. Par certains côtés l'adventisme est plus proche de certains courants du protestantisme historique, voire libéral.
Je crois sage de ne pas tomber dans l'étiquetage systématique. Les certificats de conformité ne sont pas nécessaires. D'autres familles chrétiennes existent, avec en leur sein d'authentiques enfants de Dieu, chrétiens exemplaires, qui tout en étant catholiques, anglicans, orthodoxes, par exemple, n'ont pas recours au label "évangélique" pour exister. C'est ce que je pense de l'adventisme.
Pour terminer, je crois réellement court la NDLR sur quelques particularités de l'adventisme non abordées dans le corps de texte. Ces détails, sans doute mis en avant par certains adventistes comme s'il s'agissait de l'essence du christianisme ne caractérise pas ce que l'adventisme possède de plus profond.
J'aurais aimé une réflexion sur ce dont j'ai parlé au début, sur la notion de "vérité contemporaine", sur l’herméneutique biblique (ici l’adventisme prend des distances face à la lecture fondamentaliste de la Bible), sur la spiritualité de l’attente du retour du Christ (en quoi cette attente me rend plus solidaire, plus aimant, plus compatissant, plus amoureux de Dieu), et sur bien d’autres éléments encore.
Merci encore pour cet article. Avec toute ma reconnaissance et mon amitié,
Jean-Luc Rolland
Professeur à la Faculté adventiste de théologie
Écrit par : Jean-Luc Rolland | 06.09.2006
Jean-Luc,
L'article n'est qu'une retranscription de l'interview de JP Barquon. De fait il n'engage en rien le présent blog. Je pense que les questions et remarques sont plus à son adresse et à celle d'Aleloo. La présence ici de ce texte rentre dans une logique illustrative des discours adventistes possibles pour expliquer l’adhésion à la Fédération Protestante. Le sociologue n’est évidemment pas là pour commenter la réalité des éléments présenter par JP Barquon. Cependant sans aller à défendre la terminologie qu’il emploie je reste surpris par l’ensemble des remarques.
1. Il s’agit d’une interview qui est sans doute une réécriture journalistique. Elle est dirigée vers un public qui dépasse l’Eglise Adventiste. De fait, la forte présence des termes faisant recours à l’évangélisme est à prendre dans ce cadre également. Le terme a une définition générale, de type missiologique qui justifie l’emploi. Evidemment il y a des différences entres groupes religieux, y compris pour ceux qui revendiquent le label "évangélique". Il convient cependant de noter qu’il ne faille pas tomber dans les particularismes historiques. Dire qu’il y a des points de rencontre et de rupture avec l’adventisme est une autre évidence. Ne pas reconnaître également, du point de vue historique, l’appartenance de l’adventisme à une "mouvance" évangélique me paraît tendancieux et injustifié. Elle répond à une exigence d’axe de lectures historiques, mais également à des réalités sociales. L’adventisme a dans son discours de nombreux traits communs avec les églises de missions, héritières des réveils anglosaxons, ce qui rapproche du type évangélique. Là est un élément important, outre une réalité avec ses singularités, l’évangélisme est aussi une forme typique, une construction permettant de mieux rendre compte de la réalité. Le danger est de faire un usage fermé des mots. En cens comme vous le faites ressentir il n’est pas vain de noter que l’adventisme est un espace religieux avec ses spécificités, comparativement à l’ensemble des groupes de mission.
Je ne crois pas non plus que l'interveiuw en général -et encore moins JP Barquon- était dans une logique de conformité comme vous le dite. Il faut de mon avis accepter que les mots peuvent avoir aussi un usage descriptif, frustrant, facilement polémiquable, mais qui est la contrainte dans l’exercice d’une telle interview. C’est ce que je disais d’ailleurs en présentant cet extrait d’Aleloo.
2. Pour ce qui touche à la NDLR d’Aleloo, il va de soit qu’elle est incomplète. Il faudrait pour la compléter un autre espace que ladite interview. Un véritable dossier sur l’adventisme serait l'idéal.
3. Pour ce qui est de vos remarques autour de la notion de «croyances fondamentales», là aussi il me semble que nous glissons dans la polémique. Il n’existe pas, sauf à tomber dans une lecture religieuse passionnée et orientée de la réalité, de groupes religieux qui n’aient pas des croyances fondamentales ! Voilà une réalité qui tombe sous le sens. Ici je parle de la structure, de l’église, de l’organisation. Par contre il est vrai qu’ici elles sont incomplètes. UN détour par la profession de foi de l’Eglise Adventiste serait par exemple intéressant.
4. Pour ce qui est du dernier aspect de votre commentaire, je ne commenterai pas l'herméneutique ou la spiritualité. On est plus dans le questionnement sociologique. Ce qui ne veut pas dire qu'à titre personnel je n'ai pas d'avis suir la question !
Enfin, pour généraliser ma réponse aux commentaires, je crois qu’il faut sortir des réflexes de groupes et de croyances quand ont analyse les groupes religieux minoritaires. C’est quelque chose qui est loin d’être évident. La non crispation autour de termes qui sont des épiphénomènes à l’occasion d’un effort concis, de pédagogie, comme celui que fait Barquon pour Aleloo, dans un cadre journalistique est de mon avis révélateur d’une capacité à reconstruire un débat, loin des pièges des labels et des mots.
Je crois d'ailleurs que les questions fondamentales qui se posent à l'adventisme ne touchent pas de la présence ou pas de caractéristiques de type évangélique, ou de la spiritualité adventiste, mais de la capacité de cette église à se positionner dans un espace social complexe, surtout en France. En ce sens l'adhésion à la Fédération Protestante prend une signification particulière et pertinente.
Écrit par : fades | 06.09.2006
Un très grand merci pour la qualité de cette réponse à laquelle j'adhère dans une très large mesure. Les internautes sociologues qui visitent le blog "Sociologiser" ont peut-être été surpris par mes interventions. Ils sont habitués à ce type de lecture spécifique dont il est question dans la pertinente réponse qui m'a été faite. Néanmoins je ne suis pas certain que tous les internautes aient ce même regard sur les mots. Pardon pour mon insistance. Par ailleurs j'ai fort apprécié l'article de Mr. Jean-Paul Barquon.
Puis-je partager un sujet de réflexion, merci de n'y voir aucune malveillance. Existe-t-il des études sociologiques sur le travail de sociologie lui-même? Une sociologie des sociologues. Ma question, sans doute très naïve due à ma totale incompétence, est motivée par ma fréquente surprise. Je comprends parfaitement qu'en matière religieuse comme dans beaucoup d'autres domaines, il n'est pas possible, ni souhaitable de séparer les champs de recherche. Le regard des sociologues est très précieux pour l'historien , comme pour le théologien, pour le praticien (prêtre, rabbin, pasteur, croyant de toute sorte). J'imagine que le sociologue s'intéresse tout autant à ces regards croisés qui enrichissent la recherche. Cependant, est-ce un phénomène récent, je découvre dans plusieurs de mes lectures que plusieurs sociologues, s'abritant derrière cette interdisciplinarité, prennent goût à l'hsitoire, à la théologie qu'ils étudient, sans toujours s'apercevoir les limites de leur compétence. Je suis tout à fait conscient de mon propre problème dans ce domaine. Pour conclure de façon positive, je dois dire toute mon appréciation d'une revue comme Le Monde des religions, ou des travaux du professeur Mokhtar Ben Barka sur l'évangélisme et sur le fondamentalisme protestant. Frédérice Lenoir, comme les auteurs de sa revue et Mr. Ben barka me semblent d'excellents exemples.
Écrit par : Jean-Luc Rolland | 12.09.2006
Jean-Luc,
Tu fais bien d'insister. Je crois que ta remarque renferme les réponses qui peuvent être faites. Comme pour les sciences dures à l'exemple d'un Pascal, Bachelard ou autres, les sociologues qui portent une pierre importante à la recherche s'intéressent à d'autres domaines de la connaissance, et en premier lieu l'histoire. D'ailleurs nombres d'entre eux sont des historiens. Cependant le vocabulaire sociologique reste trop souvent "ésotérique" (là est une critique que je me fais aussi) si on prend la terminologie bourdieusienne. Un défi de notre temps est certainement de "naturaliser les sciences sociales" pour prendre cette fois l'un des chevaux de bataille d'un ethnologue évolutionniste (ils disent parfois des choses bien !) Dan Sperber. Entendons par là l'ambition d'avoir un langage, une approche transdisciplinaire et qui a une portée pédagogique.
Pour ce qui est du regard de sociologue sur eux même, il y eu l'ouvrage dirigé par Yves Lambert, Guy Michelat et Albert Piett LE RELIGIEUX DES SOCIOLOGUES. Mais je crois que tu seras déçu en le lisant. Preuve qu'il y a du côté des sociologues un travail à faire sur la relation à l'objet, mais surtout sur le défi que reste la "naturalisation" du savoir.
Écrit par : fades | 12.09.2006
Jean-Luc,
Tu fais bien d'insister. Je crois que la remarque renferme les réponses qui peuvent être faites. Comme pour les sciences dures à l'exemple d'un Pascal, Bachelard ou autres, les sociologues qui portent une pierre importante à la recherche s'intéressent à d'autres domaines de la connaissance, et en premier lieu l'histoire. D'ailleurs nombres d'entre eux sont des historiens. Cependant le vocabulaire sociologique reste trop souvent "ésotérique" (là est une critique que je me fais aussi) si on prend la terminologie bourdieusienne. Un défi de notre temps est certainement de "naturaliser les sciences sociales" pour prendre cette fois l'un des chevaux de bataille d'un ethnologue évolutionniste (ils disent parfois des choses bien !) Dan Sperber. Entendons par là l'ambition d'avoir un langage, une approche transdisciplinaire et qui a une portée pédagogique.
Pour ce qui est du regard de sociologue sur eux même, il y eu l'ouvrage dirigé par Yves Lambert, Guy Michelat et Albert Piett LE RELIGIEUX DES SOCIOLOGUES. Mais je crois que tu seras déçu en le lisant. Preuve qu'il y a du côté des sociologues un travail à faire sur la relation à l'objet, mais surtout sur le défi que reste la "naturalisation" du savoir.
Écrit par : fades | 12.09.2006