Sociologiser

Ces éléments peuvent faire penser que l’Eglise Adventiste peut être décrite comme un mouvement évangélique. Cependant, un regard organisationnel pousse à nuancer. En effet l’Eglise Adventiste n’adhère pas aux organisations évangéliques, qu’elles soient nationales ou internationales. Il faut dire que dès son origine, l’Eglise Adventiste du 7^ème Jour rechercha et obtenue un fonctionnement autonome. Cette autonomie résulte des modes de développement mis en place par l’Eglise Adventiste. En effet, en stabilisant ces ressources économiques avec la dîme et en optant pour une organisation centralisée, l’adventisme est devenue une "multinationale du religieux" (expression du pasteur adventiste et sociologue, Ronald Coffin), pouvant s’appuyer sur ces propres leviers de développement. De plus, très en amont dans son histoire, l’adventisme a désiré se démarquer des autres groupes protestants, et in fine des organisations religieuses évangéliques. La forme du "management" (les guillemets sont importants) adventiste et l’histoire du groupe ne permettent pas de soutenir qu’il s’agit d’une organisation évangélique. D’ailleurs l’exigence adventiste (non unanime) d’un rebaptême, appliquée à un individu qui se converti à l’adventisme alors qu’il provient d’une autre organisation protestante (y compris évangélique), témoigne également d’une certaine autonomie (cette exigence traduit également une virtuosité sur laquelle j’espère revenir dans une autre note).
Mais des évolutions modernes de l’adventisme, ou plus précisément comme nous aimons le dire au GSRL des dynamiques ultramodernes, de l’Eglise Adventiste du 7^ème Jour, tendent à la rapprocher de l’évangélisme. Premièrement, les croyances et pratiques adventistes connaissent des évolutions dans la relation aux autres groupes religieux. Elles sont moins marquées par le souci de démarcation. Par exemple l’adventisme ne se considère plus comme étant, l’unique espace où un individu peut avoir accès au salut. Pour prendre la terminologie adventiste, celle-ci se considère comme faisant partie de l’église du reste et plus comme l’église du reste. La différence peut sembler minime mais est fondamentale.
L’intégration en France à la FPF marque également un tournant organisationnel et historique, même si l’Eglise Adventiste ne prévoit pas d’intégrer les grandes organisations évangéliques.
Pour ce qui est du contenu des croyances la permanence d’Ellen G. White, malgré là aussi des évolutions, singularise fortement l’Eglise Adventiste. L’impact des développements d’E.G White dans la relation aux autres groupes est déterminant et explique partiellement encore la persistance d’un souci de garder des distances avec les organisations évangéliques.

Tout ceci étant dit, la réponse à la question sur le type évangélique reste ouverte pour ce qui concerne l’adventisme. Vous noterez que nous assistons, de mon point de vue, à un tournant de l’Eglise Adventiste (au moins en France). La question est de savoir si le rapprochement général avec le protestantisme conduira vers l’adoption de tous les traits évangéliques. A voir ! En attendant, coupons la poire en deux en disant que l’adventisme fait partie de la mouvance évangélique. L’expression est volontairement flou et attisera certainement vos courroux, mais je crois que pour l’instant on ne peut être plus précis.

 
Pour info vous trouverez ici une brochure de la FEF présentant les groupes évangéliques.