Réforme daté du 20 au 26 avril 2006, revient sur la commémoration de l’esclavage en page 5 en choisissant de mettre en évidence l’actualité du thème et la difficulté à parler « d’abolition ».
Après maintes tergiversations le 10 mai a été reconnue comme jour républicain pour la commémoration de la liberté que les esclaves, dans les plantations ont acquis, non par générosité, mais au pris du sang. Alors que plusieurs associations s’apprêtent à faire de ce moment une vitrine républicaine, certaines, nous dit Réforme, notent l’actualité de la question.Trafic d’organes, traite des femmes, salariés kleenex, sont les formes, non exhaustifs de l’esclavage moderne. Si à cela on ajoute, les esclaves dans les ambassades, des travailleurs sous payés, cette journée gagnerait à sortir de l’acquisition des peuples noirs. En effet, en nous sensibilisant sur le bémol à porter aux festivités de la commémoration, le journal Réforme pousse à redonner une dimension historique et philosophique oublié autour de la libération. J’entends par là, la véritable dimension de la commémoration. Si on conçoit la liberté, uniquement comme l’acquis historique du droit des peuples noirs à pouvoir accéder aux mêmes jouissances que tous, on ne considère qu’une dimension de la commémoration. En effet, la commémoration de l’esclavage converne, et on l’a trop souvent oublié, voire honnie, également l’esclavagiste. En effet la particularité de l’abolition est de libérer l’esclave du fouet d’une part, surtout qu’il est la principale victime de l’esclavage. Mais il consiste aussi en une libération de l’oppresseur. Cette dimension est plus difficile à saisir. Mais l’abolition de l’esclavage est un acquis, un fait qui concerne toute l’humanité, car elle interroge l’ancien maître sur sa propre humanité. On ne peut donc penser la libération, sans considérer, dans une logique que certainement Luther King Martin embrasserait, que seul le noir est la victime de l’esclavage. De ce fait, les esclavages modernes interpellent. Il s’agit bien d’une traite qui ne concerne pas les victimes directes. Car il s’agit de libérer également les tirants de leur inhumanité et plus largement l’ensemble de la société des travers qu’elle accepte.