Ce mois, le Mag Sciences Humaines pose la question : Pourquoi croit-on en Dieu ? Les réponses à la question sont multiples. La revue développe un aspect fort intéressant qu’est le rapport entre religion et bien-être. C’est l’occasion de constater désormais la diffusion du concept de religion de guérison, tel que Dericquebourg le propose. Ces derniers sont des groupes religieux qui mettent au centre de leur offre doctrinale la nécessité de prévenir et d’apaiser les maladies, perçues comme des dysfonctionnements aux origines psycho-spirituelles. Face à ces groupes, il me semble que des groupes religieux minoritaires qui placent à un différent niveau, la problématique du bien être en général sont des religions de la santé. L’adventisme en est un exemple.
J’appelle religion de la santé, un groupe religieux minoritaire qui peut être lu à partir d’une vision moins "dramatique", comparativement aux religions de guérison, de ce qui peut apparaître dans un certain vocabulaire comme un dysfonctionnement : une maladie.
Les religions de la santé ont une vision essentiellement préventive. La pathologie est vue comme pouvant être évitée et résulte de l’apparition du pêché, c’est-à-dire d'une césure relationnelle entre l’individu et la divinité. Cependant, à la différence des religions de guérison, les religions de la santé s’accommodent avec la maladie. Leur posture consiste à encourager les membres à avoir une ascèse dans laquelle se retrouve des comportements qui optimisent les chances d’avoir une bonne santé. En cas de pathologie, la religion de la santé ne s’arrêtent pas à une rupture entre le divin et le malade, où encore à la manifestation d’une puissance maléfique. Cette éventualité est relayée au plan d’une vérité générique, une réalité floue, liée à l’existence même du péché. De fait, dans ses concepts, les religions de la santé ne rejettent pas les axiomes des religions de guérison. A la différence de ces dernières les religions de la santé ne s’arcboutent pas de manière problématique sur la pathologie et une éventuelle guérison. Elles sont de ce fait plus complexe à définir puisque pouvant englober des aspects d’un groupe de guérison, faisant d’elles un ensemble aux contours conceptuels à déterminer. Concrètement, les religions de la santé orientent leurs membres vers les structures de santé publique pour traitement, et surtout considèrent la maladie comme une contrainte, ne pouvant être indéfiniment contournée malgré la meilleure ascèse préventive. Cette orientation se fait sans se fermer au champ sémantique du miracle, ou d’un rituel de guérison, même si ces derniers sont de moins en moins mis en exergue. En effet la religion de la santé préfère se référer à la "véritable guérison" qu’est la conversion – par l’intermédiaire d’un discours du salut, voire millénariste dans le cas adventiste – plutôt qu’à la guérison "immédiate", sans toutefois les opposer. La primauté est donnée au développement d’une croyance, impliquant l’espérance en une guérison.
Les religions de la santé, font de la prévention un axe majeur de leur discours. C’est un point de distinction, fortement entretenu, permettant de faire la différence avec les autres groupes religieux minoritaires.
Dans le cas adventiste, dès ses origines, Ellen White, leader charismatique adventiste au sens sociologique et historique, permis à l’Eglise Adventiste de développer toute une structure et des comportements sanitaires. Des conseils, des formations, sont donnés aux adventistes pour qu’ils aient une meilleure santé. L’obligation de prendre soin de son corps est stipulée dans la profession de foi adventiste. Elle s’appuie sur une vision classique du corps dans le christianisme, perçue comme étant un don de Dieu à l’individu. Ce dernier doit se considérer comme le simple gestionnaire de ce corps. De fait, il ne doit pas l’altérer sciemment.
Cependant, on ne peut pas dire que l’adventisme, comme religion de la santé, exige de ses membres un comportement hygiéniste. Il l’encourage certes, mais n’en fait pas une condition pour l’accès au salut. Les interdictions adventistes liées à la santé ne sont qu’une revisitation des interdits du Lévitique (Lev. 11) avec une justification de type juive. A cela l’interdiction adventiste de consommer de l’alcool et de faire usage du tabac ne lui est en rien spécifique et est de plus en plus justifiée par le groupe en référence à une évidence sanitaire, largement partagée aujourd’hui. Elles sont anciennes. Nombres des conseils de White sur la santé furent précurseurs et bien antérieurs à l’hygiénisme.
Comme religion de la santé, l’adventisme est un groupe social qui désire participer à l’éducation sanitaire de la société, à commencer par ses membres. C’est un axe évangélique de adventisme et peut être des religions de la santé en général. Certainement, dans une société de plus en plus hygiéniste cet axe se développera dans les religions de la santé, marquant, dans une stratégie ultramoderne, la santé de la religion.
En complément à lire : http://dialogue.adventist.org/articles/11_2_beeson_f.htm