La « Commission d'enquête relative à l'influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et morale des mineurs », commence aujourd’hui ses travaux. En direct ce matin sur Europe 1 à 7h45, son président, le député UMP George Fenech, annonce des travaux publics. Vous connaissez déjà mes doutes face à cette commission. Ils vont d’ailleurs dans le sens qu’à exprimé Sébastien Fath sur son blog en nous dévoilant son refus d’intégrer cette commission. Mais vous savez également, que je crois que le législateur doit intervenir pour protéger des dérives.
Cette troisième commission malgré les polémiques qu’elle entraîne ne doit pas, seulement être critiquée sur son existence. Ce serait une erreur majeure, d’autant plus qu’elle vise à déjouer les sévices psychologiques, physiques, sociaux, qui touchent aux enfants. Cependant, en écoutant ce matin Georges Fenech, auteur également de l’ouvrage Face aux sectes publié en 1999 chez PUF, (que je m’empresse de relire) je me demande toujours ce que ce dernier entend par secte. Certainement tout au long du travail de la commission cette notion se précisera. Mais je constate toujours, qu’il y a une forte place donnée aux structures qui ne permettent pas une analyse sereine du fait religieux, en tombant dans une vision pathologique des minorités religieuses. Je me rappelle que par courrier, répondant à mon invitation d’assister à soutenance de ma thèse, au sein de laquelle je développe une vision scientifique de l’adventisme, Charline Delporte, responsable de l’ADFI Nord me répondait qu’elle ne pouvait être présente pour ne pas participer à « la confusion savamment entretenue entre religions et sectes, permettant à ces dernières d’avancer avec un masque de respectabilité ». Sans avoir lu mes travaux (puisqu’ils n’étaient pas encore disponible au public) Delporte considérait déjà, avec un don de prémonition que même les gourous qu’elle dénonce, parfois à juste titre n’ont pas, que mes travaux « développent un thème militant et prosélyte ». A croire qu’elle faisait mieux que les spécialistes qui m’auditionnaient et qui dans le rapport de soutenance indiquaient l’impartialité et la bonne distance scientifique de mon propos. Cette anecdote, n’éloigne pas du propos sur la commission, mais montre qu’il est pour moi improbable à ce jour, que l’on puisse, malgré les apparences, de manière dépassionnée, traiter des dérives sectaires (qui restent à définir). Le législateur, pris dans ses intérêts électoraux devrait, dans une vision politique, prendre le problème bras le corps, en s’appuyant avant tout sur les spécialistes qu’il rémunère (je me répète). D’autres points peuvent porter à polémique comme le critère de naissance dans une secte, le soutien scolaire. Mais là il faut voir comment, après les auditions, le législateur les rend dynamiques, pour ne pas produire une logique sectaire qu’il épie. En effet il faut noter qu’il y a là des pistes tout à fait pertinentes, que par exemple les sciences cognitives et de l’apprentissage, ont depuis de longues dates cernées. Mais seront-elles prises en compte, surtout qu’il s’agit selon le Fenech de « savoir comment certains enfants, dans notre pays, n’ont pas accès au savoir, à la santé et sont victimes souvent de diverses maltraitances, voire de sévices sexuels ». Dans l’hypothèse (ce n’est qu’une hypothèse) que cette commission arriverait à produire un travail plus ou moins construit (vous avez compris que j’en doute), espérons qu’elle mettra également en évidence l’apport des mouvements religieux minoritaires, dans la construction de la citoyenneté auprès de nombreux enfants. Cela doit être démarqué des pratiques immondes que semble légitimement traquer la commission. Les deux questions qui restent c’est : de qu’elle manière et avec qui ? A lire : l’ouvrage sous la direction de Francis Messner, Les sectes et le droit en France, Paris, PUF, 1999.
Commentaires
Pour ce qui est de la problématique qui est à l'origine de la création de la comission d'enquête parlementaire "Sectes et enfance" pourquoi ne pas se référer aux déclarations circonstenciées des principaux acteurs institutionnels sur la question ? lesquels ont exprimé publiquement leur point de vue lors de la journée d'étuide de saint Priest :
http://www.zelohim.org/saint_priest.htm
Sur la question des TdJ je vous suggère d'écouter cette audition :
http://www.zelohim.org/cean.mp3
à mon sens on est au dela du drame individuel à partir du moment où ce sont les règles édictées par l'organisation qui générent ces drames à la chaîne.
Pour ce qui est de la construction de la citoyenneté pour une organisation qui ne connait que la théocratie et intedit à ses membre de voter j'ai comme un doute qu'elle puisse induire chez ses membres le moindre interêt ou avantage pour la démocratie.
Il me semble néanmoins que les Témoins de Jéhovah ne sont pas des exclus de la Société et qu'ils méritent d'être interrogés par une commission qui s'interessent à eux.
Il me semble aussi peu justifier de ne pas interviewer plusieurs sociologues des religions travaillant sur le sujet qui manifestent une diversité d'avis sur le sujet: De l'apologie pur et simple même sur des points théologiques d'un Philippe Barbey, a une vision du mouvement comme accédant au statut de "dénomination" d'un Dericquebourg, en passant au questionnement actuel d'un Blandre se demandant si les TJ sortent vraiment de leur logique sectaire (au sens sociologique).
Le jeune homme interrogé par la commission bien que présentant un témoignage structuré comme jamais avant un antisecte n'avait pu en présenter un sur la problématique de la vie d'un enfant chez les Témoins de Jéhovah, n'est qu'un aspect d'un dérive constatée chez les Témoins de Jéhovah, dont il n'est pas sûr qu'on puisse le généraliser. J'ai vu en tant qu'ex-Témoin de Jéhovah de véritables drames non pris en compte par nos amis sociologues travaillant sur le sujet, mais j'ai vu aussi des cas se rapprochant vers la volonté d'intégration en gardant son particularisme chez d'autres.
Une vision synthétisant les avis, et pas à sens unique, permettrait si ce n'est un dialogue, au moins une situation plus dédramatisée, propice aux changements, quand la campagne actuelle ressemble plus aux crédos jéhovistes "de la persécution du monde satanique" qui fixe et justifie les comportements sectaires chez les fidèles, alors que cette campagne est censée justement lutter et faire disparaître ces comportements.
Loin de nier les problèmes au sein de la communauté jéhoviste, et par exemple connu comme étant l'un des ardents critiques sur le net de ce mouvement par exemple de leur traitement de la pédophilie en interne, je ne vois vraiment pas à quoi va servir cette commission d'un point de vue pratique si elle s'abstient de la rigueur scientifique pour ne présenter qu'un avis et un seul, celui des députés antisectes qui la composent, et celle des associations se réclamant du combat contre les sectes.