L’adventisme est composé principalement d’antillais français. Au-delà du critère de la nationalité, cette situation recouvre celles d’autres pays européens, où se sont des immigrés, qui forment les rangs les plus importants de l’adventisme sur le vieux continent. Aujourd’hui, bien que les efforts adventistes sont importants pour sensibiliser les autochtones, c’est en en Afrique Subsaharienne, en Amérique latine, dans la Caraïbe, en Aisie, ou en encore en Russie que la croissance adventiste est plus importante. La grande cérémonie du week-end dernier marquant les 80 années d’implantation de l’adventisme au Cameroun est en ce sens révélatrice, de l’ancienneté adventiste, mais aussi de la forme que semble prendre, le profil des croyants.
Le phénomène n’est pas spécifique à l’adventisme et touche de nombreux groupes protestants d’origine américaine en France ou en Belgique. Malgré les efforts de pasteurs évangéliques (en général originaires d’Afrique Noire), il est à parier que la venue de l’évangéliste américain T.L. Osborn, intéressera majoritairement un public venant d’Afrique Noire, des Tsiganes, mais certainement pas des autochtones en premier plan. L’ouvrage dont je vous parlais, il y a déjà plusieurs mois, Chrétiens d’Outre-mer en Europe, prend bras le corps le sujet en regardant de près les parcours des acteurs.
Depuis longtemps la sociologie a indiqué plusieurs explications, non exhaustives à cette désaffection du religieux en France notamment. L’une d’entre-elle est la forte individualisation du croire qu’autorise la modernité. L’individu devient acteur de sa religion, il n’est plus l’auditeur passif. Résultat : un véritable bricolage du religieux s’installe. Les individus se font leur propre religion, loin des institutions religieuses. C’est le temps de la religion hors des murs. Voilà des expressions largement diffusées par la sociologie du fait religieux que nombres de lecteurs connaissent.
En plus de cette observation de la sociologie, une autre explication semble à creuser. Elle concerne le lien entre organisation religieuse et leur discours. En quoi les stratégies de développement des groupes religieux, ont-elles participés à l’exotisation du religieux ? Ou à l’inverse, pourquoi le discours d’un groupe religieux protestant minoritaires évangéliques, ne rencontre t-il pas le même succès chez les autochtones ? Certainement une amorce significative de réponse reste dans la confusion savamment entretenue, en France, autour de la laïcité, élevant celle-ci au rang de mythe nationale, au lieu d’en faire un espace du mieux vivre ensemble. Mais là encore il s’agit d’une explication extérieure aux groupes. Qu’elles sont les pistes de réflexions endogènes ?
Une comparaison de groupes religieux s’impose, car certains rencontrent plus de succès que d’autres chez les français autochtones. Il apparaît que des structures particulièrement adaptées aux spécificités françaises rencontrent un écho favorable, (ou moins négatif). Ce sont les organisations qui ont pleinement intégrées des problématiques communicationnelles qui arrivent à se faire connaître, et cela autour d’un message qui reste le même. Le souci est que de nouvelles formes servent le fond.
Dans l’adventisme, malgré plusieurs tentatives, les efforts restent à entreprendre. Pourtant, si on considère cette dernière malgré son message eschatologique particulier et l’importance donnée au charisme d’Ellen G. White comme ; une religion de la santé et un groupe protestant évangélique dynamique, les succès auprès des populations françaises blanches devraient certainement être plus nombreux. Faudrait-il encore gagner la bataille de la forme au service du fond. Là, les mouvements baptistes, pentecôtistes, ont une expérience beaucoup plus affirmée.