Je continue à répondre aux questions qui finalement posent la question de la définition de l’adventisme, comme entamé dans plusieurs notes.
Rappel : Dans une précédente note je présentais de manière générale l’adventisme. Cinq critères se dégageaient. Il s’agissait du biblicisme, du christocentrisme, du prophétisme, de la croyance au retour du Christ et d’un gout certain pour l’étude de la Bible. Ces caractéristiques permettent d’indiquer que l’adventisme est transconfessionnel. Mais attention : il ne faut pas tomber dans le piège des caractères. Ce sont des constructions qui permettent juste de lire la réalité. Evidemment au quotidien on ne les retrouve pas de manière pure. Les variations et spécifictés sont nombreuses.
Une autre caractéristique de l’adventiste ne lui est pas spécifique. Il s’agit du messianisme. Derrière cette notion d’apparence complexe, voyons simplement la croyance en la venue messie. L’adventisme est de ce fait, une croyance messianique, où la personne attendue est le Christ. Avec une terminologie plus complexe, Khon définissait le messianisme comme : «essentiellement la croyance religieuse en la venue d’un rédempteur qui mettra fin à l’ordre actuel des choses, soit de manière universelle, soit pour un groupe isolé et qui instaurera un ordre nouveau fait de justice et de bonheur». Cet auteur indiquait également que «la croyance messianique ne se perd pas en spéculation théorique sur l’avenir, ne médite pas sur des thèmes religieux, mais exprime un désir de rénovation du monde». En ce sens, croire au messie n’implique pas de manière obligatoire, un détachement des préoccupations et responsabilités quotidiennes. Tout le monde connaît la citation attribuée à Luther : «si Jésus revient demain, aujourd’hui je plante un arbre». Illustration du fait que la croyance en la parousie n’implique pas systématiquement une déconnexion du monde. Outre le discours, la croyance proprement dite, le messianisme renvoie également à des groupes structurés. En ce sens ont peut parler de l’adventisme comme d’un groupe religieux messianique. Le messianisme ne reste pas une croyance, mais stimule, participe à l’apparition d’un mouvement social dont il sera au centre. La croyance en un Messie qui viendra instaurer un nouvel ordre mondial, le messianisme, peut donc conduire parfois à des pratiques sociales organisées en mouvement structuré. Il peut faire émerger par exemple des mouvements politiques. Mais c’est le prolongement religieux au travers de religions messianiques qui intéresse ici évidemment. L’un des exemples est l’Eglise Adventiste du 7eme Jour (vous n’êtes pas surpris !). Un sociologue, Henri Desroche propose une approche forte intéressante. Il notait que pour l’essentiel les organisations messianiques sont des groupes millénaristes. Expliquons : Le terme vient du millénium, période de mille ans, qui dans l’apocalypse semble préfigurer le retour du messie (je résume vraiment grossièrement). Desroche note que tous les groupes messianiques chrétiens se réfèrent aux mêmes versets, avec des différences dans l’interprétation. Le millénium est au cœur de ces références. Fort de cela il parle de groupes messianiques millénaristes chrétiens. (J’espère que vous me suivez toujours).
Alors que retenir ? Simplement que l’Eglise Adventiste du 7ème Jour est un groupe messianique millénariste. Cela par son biblicisme, le prophétisme et son christocentrisme. Voilà, on retombe sur nos pieds par rapport à la précédente note. Ce sont donc deux aspects supplémentaires de l’adventisme qu’il faut connaître pour définir (au moins à grands traits) l’Eglise Adventiste.
Vous voyez, comme je le disais, la question enfantine Dis moi c’est quoi un adventiste ? n’est pas si simple. Maintenant voyons ce qu’est être membre de l’Eglise Adventiste du 7ème Jour.
L’Eglise Adventiste du 7eme Jour n’est qu’une composante de l’adventisme. Plus précisément, si je reprends les termes utilisés plus haut, l’Eglise Adventiste du 7eme Jour, de part son offre doctrinale et ses croyances, est une organisation religieuse millénariste messianique.
Etre membre de l’Eglise Adventiste implique plusieurs éléments. Voyons quelques-uns. Attention, je n’insiste pas sur le ressenti, la foi, des membres. Cela serait très intéressant, mais pour l’instant, gardons le crayon qu’est la sociologie, pour dessiner à grands traits les contours de l’Eglise Adventiste.
- Une église de convertis. Etre membre de l’Eglise Adventiste implique une adhésion ritualisée (baptême, profession de foi). Celle-ci est loin d’être anodine. Elle objectivise l’adoption par l’individu des croyances fondamentales du groupe. La conversion est sensée être le résultat du changement d’orientation que l’individu opère dans sa vie, en direction des principes divins, tels qu’ils sont présentés par l’Eglise Adventiste.
- Un militantisme. Se convertir à l’adventisme n’est pas qu’une adhésion. Cela ne peut pas être réduit à une simple inscription sur un fichier. Le nouveau membre doit développer en permanence une ascèse qui garantie la permanence de son adhésion. Pour dire les choses simplement, le membre adventiste, doit avoir une éthique, une moralité, perceptible et qualitativement appréciée (je vais vraiment vite en disant cela, mais je pense que vous comprenez). Son engagement doit être double. Premièrement dans son église, sa communauté locale, il doit participer aux activités, contribuer à l’élargissement et à la reproduction du groupe. Deuxièmement, dans ses relations sociales hors église, il doit véhiculer une image en phase avec les principes adventistes adoptés.
- Un charisme prophétique singulier. L’un des particularismes des croyances adventiste est le recours au discours d’un leader fondateur du groupe Ellen G. White. Celle-ci est considérée comme une prophète. Les écrites d’Ellen White ont un statut singulier dans l’adventisme. Si anciennement ceux-ci étaient considérés par nombres d’adventistes comme équivalents à la Bible, on constate désormais une évolution certaine dans l’Eglise Adventiste. En effet, les écrits de White sont plus soumis à la critique et son approchés comme une « petite lumière » orientant vers la grande lumière qu’est la Bible. (Pour plus d’information sur Elle G. White voyez le Centre de Recherche sur Ellen White dirigé par Jean-Luc Rolland, qui souvent enrichi les commentaires de ce blog).
Résumons-nous : plusieurs notions interviennent pour qualifier l’Eglise Adventiste. C’est un mouvement adventiste, avec un fort biblicisme, christocentré, prophétique. Son caractère prophétique est de type messianique millénariste. Elle exige de ses membres une expérience de conversion et un militantisme. La principale singularité de ses croyances reste l’importance du charisme prophétique d’Ellen White. Ouf… on a avancé dans la définition de l’Eglise Adventiste du 7ème Jour. Mais ce n’est pas fini ! La suite dans une prochaine note.