Les 10 et 11 février à la demande de Sophia, j'animais un W.E de réflexion sur l’adventisme en France. Plus d’une quarantaine de séminaristes le premier jour et une trentaine le second. Universitaires, spécialistes de la santé, chercheurs, adventistes curieux sur sa pratique religieuses, non-adventistes, dirigeants du groupe, sont des exemples de personnes qui étaient présentes. Initialement je me proposais de traiter du contexte général du religieux en France, puis de saisir la place de l’adventisme dans ce cadre. Programme certainement trop ambitieux car nous l’avons abordés qu’en partie. Il faut dire que certains éléments suscitèrent de très intéressantes questions et échanges. Tel fut le cas de la présence antillaises (sujet traité partiellement), les spécificités du croire antillais et du croire autochtone, ou encore des parcours de conversions à l’adventisme (survoler dimanche 11 février). Que retenir ?
Une forte curiosité sur soi et une ouverture face à l’approche du sociologue. Je pense que là, tout est résumé. Il fallut souvent noter les spécifiés du discours sociologique, mais une fois les violons accordés, en présence de Jacques Trujillo président de l’Union Adventiste Franco Belge, les participants indiquèrent un intérêt majeur face aux surprises, aux interrogations, et à la comparaison que permet la sociologie. Déjà il importe de dire la frustration des participants en raison de notre impossibilité d'aller plus loin, par manque de temps.
De mon côté, déjà très critiqué pour avoir des liens avec les groupes religieux, j’appréhendais de livrer à une organisation religieuse le regard d’une science. Heureux étais-je de voir la réception positive de mon discours. Evidemment, le discours sociologique n’est pas parole d’évangile ! Aux individus d’y puiser les éléments qu’ils pensent être pertinents.
Une question se pose maintenant: pourquoi beaucoup de chercheurs refusent d’avoir un lien pédagogique, de vulgarisation avec les groupes religieux, sur lesquelles ils travaillent (et vivent) ? Comme dans d’autres domaines de la recherche, n’est-il pas logique d’offrir aux individus dont nous étudions les vies un retour, par déontologie, de nos analyses, quitte à courir le risque de s’exposer et d’exposer devant ces derniers ? Quand le chercheur recueille le discours des acteurs il est heureux de communiquer avec eux. Pourquoi cela se ferait uniquement avant l’analyse et pas à postériori. Peut être parce que nous, chercheurs, devons aussi avoir une relation décomplexée et dépolitisée de nos recherches ! Pour moi poser la question c’est y répondre. Même dans le cas où le chercheur ne bénéficie pas d’une image positive dans le groupe en question en raison de sa relation au groupe et de la particularité de son regard (dixit moi-même), il se doit me semble t-il de communiquer avec les acteurs pour ne pas enfermer ces derniers dans un simple regard scientifique et technique. Quoi qu’il en soit nous ne pouvons empêcher les individus qui ne lisent pas les articles scientifiques et ne sont pas présents dans les colloques à avoir leur regard. Pour que ce dernier soit le moins incomplet, échangeons avec les acteurs étudiés, et là comme j’ai pu le noter les 10 et 11 février à Sophia, même les critiques les plus surprenantes sont légitimes et nécessaires aux interlocuteurs mais également au sociologue.
Un autre point plus polémique: ceux qui pense que les groupes religieux minoritaires ne sont pas ouverts à un regard extérieur seront surpris. Il faut dire que cette surprise n'est possible uniquement quand on est en contact avec les acteurs du religieux tout en gardant sa distance scientfique.