AGIR dirigée par Christiane Louis fait partie des associations qui dynamisent le protestantisme, ici l’Eglise Adventiste, en sensibilisant sur ses diversités culturelles. De plus, c’est une association qui poursuit des buts bien précis comme vous pouvez le constater sur son site (réalisation d’une Ecole, activités culturelles, etc.). J’aimerai vous partager mes sentiments très positifs suite à la conférence que j’ai donné, à la Sorbonne à la demande d’AGIR le samedi 26 mai. J’ai tenté de résumer à plusieurs reprises mon intervention sur l’impression de la forte religiosité des sociétés nègres comparativement à la société française. J’avoue ne pas arriver à faire un condensé des deux heures de communication dans un cadre prestigieux et dans une ambiance non conventionnelle.
Je notais la difficulté et les contresens d'une telle proposition (les données ne confirment pas en l’état cette affirmation). Cependant il faut noter que maintes sociétés noires ont une relation plus décomplexée au religieux. Dans le cadre des sociétés post-esclavagistes (antillaises) il faut remonter à l’esclavage pour établir une première source d’explications. S’ajoutent les évolutions et les transformations des sociétés antillaises. Cet accent sur les sociétés antillaises est du fait d’AGIR qui a entre autre pour objectif de sensibiliser les populations antillaises (adventistes premièrement et non adventistes) sur différentes problématiques sociales. Je reviens donc ici sur la satisfaction que j’ai de voir la question antillaise émerger positivement de l'adventisme en France.
Dans sa thèse de doctorat, J-C Girondin (qui est intervenu aussi à AGIR) parle de méta ethnicité en parlant du lien complexe entre identité antillaise et protestantisme en France, donnant naissance à un espace identitaire dynamique. Cet espace interroge. Il est encourageant de voir que des associations adventistes impulsées par des membres ont le souci de comprendre les complexités des relations entre identités, religions et autres questions sociales. Une telle démarche implique de se démarquer des discours convenus y compris dans le groupe et d’offrir aux individus des outils de réflexion citoyen, d’angle protestant (adventiste), pertinents. Bien que propice à une telle interrogation les protestants adventistes ne sont malheureusement pas en avance sur ces questions. Dès 1992 Beris mettait en évidence ce paradoxe et l’expliquait en relation avec l’idéal jacobien qu’épouse les dirigeants adventistes selon lui. Aujourd’hui l’Eglise Adventiste se pose concrètement la question de l’apport des Antillais. Dans diverses commissions (Commission éthique, liturgique…) la question revient, comme un leitmotiv demandant à être traité. Cependant c’est dans les groupes de réflexion comme AGIR que la question est criarde. Ces associations créées par des membres font passerelle entre la dimension adventiste et sociétale globale des membres, ne les enfermant pas dans une unique identité. Ce questionnement au sein de l’adventisme tel qu’AGIR se propose de le traiter, sur la base du regard des ultramarins (Domiens et caribéens essentiellement) mérite plus que des conférences, mais de véritables cessions de formation aux questions identitaires. J’ai constaté agréablement que la question identitaire semble, certes de manière confuse, mobiliser. Elle apparaît également au centre de difficultés communicationnelles internes à l’adventisme. Dans mes travaux je parlais d’ailleurs de représentations politiques différentes de l’adventisme (Fabrice Desplan, 2005b). Cela montre la grande complexité de la question et toutes les ramifications qu’elle engendre. Par conséquent nous ne pouvons que souhaiter bonne chance à AGIR, sans préjuger de ce que sera le succès de ces initiatives.