De plus en plus de découvertes d’historiens indiquent la richesse des cultures nègres les plus anciennes. Sur le plan religieux la mise en évidence de la diversité et de la densité des pratiques et croyances religieuses anciennes de l’Afrique relativisent l’ensemble des affirmations des monothéismes. L’apport le plus retentissant sur ce point fut certainement l’ouvrage de Nations, Nègres et Culture de Cheik Anta Diop qui réinterroge jusqu’à la personne du Christ.
Les croyances adventistes se trouvent également revues. Ici, je vous indiquais déjà que la croyance adventiste en une vision uniquement future de la loi du dimanche, ne résiste pas aux observations historiques. En effet en différents points du globe il existe des législations qui rendent obligatoires un jour spécifique d’adoration, dont le dimanche. J’insistais particulièrement sur le fait, que dans l’histoire nègre des traces de l’application d’une loi du dimanche sont évidentes. Par exemple, aux Antilles, le système esclavagiste imposait le dimanche. Pas étonnant que les juifs (pour d’autres raisons également) étaient interdits dans les colonies.
A l’occasion du mois de l’histoire nègre aux USA, l’université adventiste d’Andrews contribua à cette mise en évidence de l’apport des cultures noires à une relecture de l’adventisme au travers d’un colloque sur le thème « Les 2000 ans du christianisme en Afrique et la Diaspora » les 7, 8 et 9 février dernier. A cette occasion, Bertram Melbourne, pasteur adventiste et doyen intérimaire de l'école de théologie de l'université d'Howard à Washington D.C., note que l’observation du sabbat se réalisait en Afrique, avant même la naissance de l’adventisme. La chaîne d’information adventiste note que « Bertram Melbourne indique par exemple que la tribu Basotho d'Afrique du sud au 15ème siècle adorait un Dieu appelé "Molimo O Diatla Di Maroba Rammolobi", ou "Dieu aux cicatrices dans les mains, Père du salut". Bertram Melbourne rajoute que « certains groupes observaient même le sabbat biblique le septième jour comme jour de repos ».
Ces observations confirment les découvertes modernes sur le monothéisme hors christianisme, judaïsme et l’islam. D’autre part, elles participent à enrichir les connaissances sur le religieux en général et sur les croyances adventistes particulièrement. Là l’Eglise Adventiste découvre les points de consonance historique sur lesquelles elle peut rebondir. Les observations sur la loi du dimanche que nous faisions sont ainsi renforcées. En redécouvrant que certaines de ces croyances ont des ramifications insoupçonnées dans l’histoire et des aires culturelles, l’adventiste dispose d’outils de communication d’une grande portée. De fait, toujours selon les informations de la Chaîne d’information adventiste, Melbourne considère que : « L'église [adventiste] a une approche négative de l'évangélisation, elle met l'accent sur les différences au lieu de mettre l'accent sur les choses que nous avons en commun. Dans les efforts d'évangélisation, l'église devrait d'abord construire sur les points communs ». Là est certainement la leçon capitale. Il s’agit belle et bien d’une invitation à réformer le regard adventiste sur la différence.
Dans le cas des cultures nègres, elle permet de montrer aux noirs qu’ils participent à enrichir l’adventisme, sans lien conflictuel avec lesdites cultures. Ce point est important, car rappelons-le l’adventisme en raison de son puritanisme, de ses valeurs chrétiennes, ou encore de l’influence historique de la culture américaine, est perçu comme opposé à certaines traditions nègres. Les consonances historiques avec des cultures nègres permettront à l’adventisme de se redécouvrir en rebondissant sur les diversités culturelles. Pas étonnant, comme le rapport la Chaîne d’information adventiste que Harold Lee, président du groupe d'étude sur le sabbat en Afrique, dit : « L'église [adventiste] doit se débarrasser des différentes façons de pensée. Les adventistes devraient voir tous les peuples, cultures et confessions comme "un seul corps (…)". Loin d’un simple vœu, les discussions semblent avoir eu des impacts importants, car l’université d’Andrews s’est engagée à ouvrir un cursus d’étude sur les cultures nègres. To be continued