Joseph Bates est un sacré personnage ! Dans son Autobiography, il narre une vie bourrée d’aventures palpitantes. C’est le cinquième des sept enfants de Joseph et Deborah Bates. Il a grandit à New Bedford, un port dans le Massachussetts, qui est la capitale de la pêche à la baleine aux Etats-Unis. L’attraît de la mer ! Bates n’y a pas résisté. A quinze ans, il s’engage dans la marine marchande. Pendant vingt-et-un ans, il mènera une existence pleine de risques et de voyages exotiques à travers les mers de la Caraïbe, de l’Amérique du Sud, de l’Europe et de la Russie. Il a tout connu : les tempêtes, les naufrages, le péril de la noyade et l’abordage des pirates. Son bateau se trouvera piégé au beau milieu de batailles navales entre l’Angleterre, les Etats-Unis et la France. Il sera prisonnier des Anglais en 1812.
Dans un sens, son mariage en 1816 à Prudence Nye, une amie d’enfance, a contribué à le « stabiliser ». En 1822, il devient le capitaine d’un navire. Et à ce moment là, il réforme ses habitudes de santé. Il abandonne totalement l’alcool et le tabac. Deux ans plus tard, il trouve une Bible - le Nouveau Testament - que Prudence a glissée dans sa malle de voyage. Il la lit assidûment. Il découvre l’amour et la grâce de Dieu. En 1827, il est baptisé par immersion et il devient un membre de l’Eglise chrétienne – autrement appelée la connexion chrétienne.
Après avoir amassé une petite fortune (11 000 dollars), Bates se retire de la marine en 1828. Mais ce jeune « retraité » ne reste pas inactif. Il s’occupe des propriétés de son père. Pendant douze ans, il s’implique dans deux causes : la tempérance et l’abolition de l’esclavage. A ses propres frais, il fait aussi bâtir une école d’instruction professionnelle pour des jeunes garçons.
En automne 1839, Bates entend parler de William Miller. Il rejette l’idée d’une date pour le retour du Christ mais son intérêt s’avive quand quelqu’un lui dit que Miller soutient ses arguments par un grand nombre de textes bibliques. Il lit son ouvrage : Evidences de l’Ecriture et de l’histoire sur la seconde venue de Christ, vers 1843. En mars 1841, à son invitation, Miller prêche à Fairhaven et New Belford. Bates est impressionné ! Il remarque : « Sa prédication était très intéressante et très en avance sur ses écrits » (Autobiography, p.256).
Bates déploie toute son énergie dans la prédication du retour du Christ. Il occupe de hautes responsabilités dans l’organisation millérite. C’est lui qui présidera la conférence générale de mai 1842, l’un des rassemblements les plus importants de l’histoire du mouvement. Il dépense toute sa fortune pour faire avancer la nouvelle. En mars 1844, il vend sa maison pour payer ses dettes car il ne veut rien devoir à personne lorsque Jésus revient. Après le désappointement, il va poursuivre, avec cette même détermination, sa quête des éléments de vérité comme on rassemble les pièces d’un puzzle. Mais pour comprendre ce qui va se passer, remontons un peu en arrière dans le temps.
Les millérites sabbatistes
Vers 1840, l’Eglise baptiste du septième jour, qui a été fondée à Londres en 1617 avant de s’exporter aux Etats-Unis en 1671, connaît une période de réveil spirituel. Ces quelques milliers de chrétiens sabbatistes américains agitent la question du sabbat parmi les protestants. Au début de l’année 1844, Rachel Oaks – ou Oakes – (1809-1868), une baptiste du septième jour de l’état de New York, qui visite sa fille Delight à Washington dans le New Hampshire, parle du sabbat aux gens de la communauté. Le premier converti est apparemment William Farnsworth, son beau-frère, et celui qui l’aurait convaincue sur la doctrine du retour du Christ. Un autre converti est Frederick Wheeler, un pasteur et un fermier méthodiste millérite. Durant un service de communion, celui-ci invite les participants à « obéir à Dieu et à garder en toutes choses ses commandements » durant l’attente du retour de Jésus. Emoustillée par son injonction, Oaks lui rend une visite amicale. Elle le met au défi d’observer les dix commandements, et en particulier le quatrième :
« Pense à observer le jour du sabbat et fais-en un jour consacré à l’Eternel. Tu travailleras six jours pour faire tout ce que tu as à faire. Mais le septième jour est le jour du repos consacré à l’Eternel, ton Dieu ; tu ne feras aucun travail ce jour là... Car en six jours, l’Eternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, mais le septième jour il s’est reposé. C’est pourquoi l’Eternel a béni le jour du sabbat et en a fait un jour qui lui est consacré. » (Exode 20.8-11)
La remarque d’Oaks touche profondément Wheeler. Il fait une recherche biblique sur le sabbat et en mars 1844, il se met à l’observer. Plusieurs membres suivent son exemple. La congrégation de Washington est la seule congrégation millérite sabbatiste. Mais vers la fin de l’été 1844, d’autres millérites auraient accepté la doctrine du sabbat. C’est le cas de Thomas Preble (un prédicateur baptiste qui accompagna parfois Miller dans ses voyages), apparemment par l’intermédiaire de Rachel Oaks. En septembre 1844, le journal millérite, The Midnight Cry, note à plusieurs reprises l’activité des baptistes du septième jour. Ouverts à la recherche biblique, ses rédacteurs n’ont pas d’avis tranché sur le sabbat. A leur opinion, « la loi ne demande pas aux chrétiens de mettre à part un moment particulier comme un temps consacré » mais ils concèdent que si l’étude de la Bible convainc une personne du contraire, elle doit aussi conclure que « le moment particulier que Dieu nous demande de sanctifier est le septième jour de la semaine, qui est le samedi » (LeRoy Froom, Prophetic Faith of our Fathers, vol.4, p.944).
A quelques semaines du 22 octobre, Wheeler et Preble ne sentent pas la nécessité de convaincre leurs amis millérites sur un changement de jour de repos. Mais après le désappointement, Preble écrit un article dans le journal Hope of Israel du 28 février. C’est le premier article millérite sur le sabbat. En mars 1845, il publie aussi un tract sur le sujet.
Les participants de la conférence d’Albany de mai 1845 n’ignorent pas le point de vue de Preble mais ils décident ne pas s’associer à qu’ils considèrent être une caractéristique du Judaïsme. Et déjà, les albanistes se désignent officieusement comme des « adventistes du premier jour » comme pour se démarquer des adventistes « du septième jour ». En fait dans leur esprit, les millérites qui se réunissent le sabbat sont des spiritualistes – dont ils veulent absolument se distancer - car certains (plus nombreux que le minuscule courant sabbatiste) se sont mis à l’observer. Pas très longtemps ! Dès l’été 1846, la pratique du sabbat disparaît parmi eux. L’historien Merlin Burt observe que, dans leur quête fanatique de nouveautés spirituelles, ces spiritualistes ont essayé le sabbat sans saisir sa vraie signification théologique : ils ne l’ont pas lié à la création et aux dix commandements (Clyde Hewitt, Midnight and Morning, p.271-272).
Moins de trois ans après son acceptation du sabbat, Preble renonce aussi à l’observer quand il obtient la gestion d’une grande propriété. Il ne veut pas s’abstenir de faire des transactions commerciales le samedi. Néanmoins, sa contribution à l’adventisme est significative car son article et son tract sur le sabbat attireront l’attention de Joseph Bates et de John Andrews (un adolescent de 15 ans), deux futurs fondateurs de l’adventisme sabbatiste. De son coté, Rachel Oaks observera le sabbat jusqu’à la fin de ses jours. Elle deviendra une adventiste du septième jour quelques mois avant sa mort en 1868 – après que ses doutes soient levés sur des rumeurs qu’elle a entendues sur James et Ellen White. A ses funérailles, Stephen Haskell saluera son héritage spirituel : « Elle dort mais le résultat d’avoir introduit le sabbat parmi les adventistes est bien vivant » (Review and Herald, 3 mars 1868).
Bates et le sabbat
En avril 1845, Joseph Bates, à 52 ans, lit l’article et le tract de Thomas Preble sur le sabbat. Dans l’introduction du tract, celui-ci cite une déclaration de William Miller affirmant que le sabbat a été créé pour « être un signe éternel et une alliance perpétuelle », un fait qui prouve « sans l’ombre d’un doute qu’il s’impose de la même manière et pour la même raison à l’Eglise chrétienne comme aux Juifs » (According to the Commandment, p.3). Miller a-t-il songé à observer le sabbat ? En a-t-il été dissuadé à cause des spiritualistes ? On n’en sait rien.
Avec sa minutie habituelle, Bates étudie le sujet à fond. Il compare les arguments de Preble avec la Bible. En quelques jours, il est convaincu qu’il n’y a jamais eu de changement biblique du jour de repos. Peu après, en avril ou en mai 1845, il rend visite à Frederick Wheeler car il a entendu parler de sa congrégation sabbatiste de Washington dans le New Hampshire. Il arrive chez lui vers 22 heures. La famille Wheeler est déjà couchée. Bible en main, les deux hommes discutent toute la nuit et jusqu’après midi le jour suivant. Puis Bates prend le chemin du retour. Sur un pont, à l’entrée de New Bedford, il croise James Hall. Celui-ci le salue :
- Qu’elles sont les nouvelles, capitaine Bates ?
- Les nouvelles sont que le septième jour est le sabbat et que nous devons l’observer.
- Eh bien je m’en vais à la maison lire ma Bible et regarder cela.
Après avoir croisé Hall, l’infatigable Bates assiste à une réunion millérite. Avec le tract de Preble à la main, il parle du sabbat. Deux semaines plus tard, Hall et sa femme se mettent à l’observer. Quelques millérites se joignent à eux. Pour Bates, le sabbat est une vérité essentielle. Nous verrons pourquoi dans la seconde partie de cet article.
Commentaires
Bon site pour l'Eglise,
Ca nous rappelle d'ou nous venons!
Bravo
je veux recevoir ces informations ci dessus