Revenons à nos moutons après l'affaire DSK qui a fait exploser le blog ! Plus de 10 000 adresses IP par jours pendant 3 jours. Alors vous qui venez en tapant DSK, restez sur cet autre sujet qui fait le blog revenir à son objet premier : l'Eglise adventiste.
Depuis 2009, je tente de garder les emails humouristiques fait par des adventistes à l'encontre de l'adventisme même. L'autodérision est selon moi une entrée pertinente pour bien comprendre l'évolution d'une organisation. Il peut être comme l'indique Bergson une tentative adroite de contraindre des individus. C'est une fonction universelle du rire et l'adventisme n'y échappe pas. Sur ce point pas de quoi fouetter un chat.
Mais ce qui est surprenant, peut-être, dans l'autodérision adventiste, ce sont les sources extrêmement multiples. Et l'une des plus sarcastique est le pastorat. Mes abdominaux ont encore le souvenir de blagues qui visaient la manière de prendre des décisions, l'orthodoxie de membres, des positions morales ou encore la liturgie. J'en ai parfois pleuré.
L'autodérision provenant du « corps pastoral » (j'utilise cette expression que je n'aime pas) a selon moi plusieurs fonctions. En voici quelques-unes qui se dégagent :
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montrer que le pasteur est aussi un membre qui sait rire. Cela peut ne pas être évident pour tous,
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qu'il est conscient des tensions entre différents discours (le sien, les positions de la société, les attentes de sa communauté, l'orientation de la direction...),
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indiquez qu'il est sensible aux paradoxes de sa communauté,
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en faire un outil pédagogique,
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rappeler la règle,
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parler des sujets plus abordable ainsi, en fonction du public,
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et rappelons-le ; rire.
L'autodérision des pasteurs adventistes s'adapte au public. Faites attention à table par exemple, car cela peut commencer dès la prière. Vous croyez prier et votre interlocuteur, s'il est boute-en-train, peut déjà vous mener en bateau. Et les jeux de mots endémiques peuvent surgir tirant par exemple sur le végétarisme, l'absence de café ou encore les positions sur l'alcool. C'est dans un cadre comme celui-là que j'avais appris il y a une dizaine d'année le terme de végétatout en clin d’œil sarcastique au régime végétarien qu'incite l'Eglise adventiste.
J'ai remarqué, que l'humour est présent évidemment entre des personnes qui se connaissent, mais dans ce cadre il s'ouvre aux invités non adventistes, pour qu'ils gardent un souvenir d'un « adventisme réaliste » capable de se regarder dans une glace.
L'autodérision a cette faculté d'adaptation aux réalités quotidiennes. Je sélectionne les exemples car évidemment la difficulté de l'autodérision est qu'elle implique de bien connaître le contexte, l'histoire, l'habitus adventiste pour qu'il n'ait pas un fonction, des utilisations, des compréhensions différentes de celles que les blagueurs veulent.
Le fait-divers qui a été associé à l'adventisme n'échappe pas aux dents du rire d'adventistes. Pour preuve ces emails d'adventistes qui s'amusent des pratiques d'exorcismes dénoncées par la presse. Un d'entre eux (merci à Olivier) parle des quatre comiques, malheureusement compatriotes de Guadeloupe, qui ont voulu rejouer en région parisienne le film « L’exorciste ». Je résume un autre croustillant car il reprend les fonctions de l'autodérision.
En ressuscitant, Jésus passe par la Guadeloupe et rencontre 4 adventistes. Et dit :
Jésus : vous ferrez de plus grandes choses que moi.
Les 4 guadeloupéens de Grigny (4G) : Nous ferrons la paix entre les nations ?
J: ehh... oui
4G : Nous ferrons disparaître les famines ?
J: Ben, en fait... bon... oui
4G : Nous chasserons les esprits en ton nom ?
J: Oui, oui, oui, et commencez par vous . Chassez-vous de mon Eglise, bande de merdeux.
Vraiment intéressant quand vous avez en tête les fonctions de l'autodérision dites plus haut.
Commentaires
Je viens de tomber sur ce site par hasard, j'ai lu, je n'ai pas ri. Je pense que dans le monde où nous vivons nous avons plus besoin d'amour que de nous défouler sur les autres.
Je me relève, je pars, interrogatif et triste…
Pierre
Assez d'accord avec pierre
Chers Pierre et autres, par définition l'autodérision n'est pas l'acte de se défouler sur les autres, mais une autocritique. Il ne faut pas la confondre avec d'autres rires. L'autodérision est le prima et en même temps la finalité de la maturité. Deux citations me viennent à l'esprit.
1. "Etre aimé comporte au moins l'avantage de pouvoir s'exprimer librement sans crainte de faire rire de soi." (Pierre Baillargeon).
et ma préférée:
2. "On rit mal des autres, quand on ne sait pas d’abord rire de soi-même." (Paul Léautaud).
Les individus ont rit d'eux même et c'est la plus grande maturité à mon avis. Il faut l'accepter à défaut de ne pas le comprendre.