A l'occasion du 150è anniversaire de l'Eglise Adventiste plusieurs études, articles ou analyses foisonnent. Pour des interlocuteurs français et étrangers j'ai donné plusieurs interviews. C'est à s'y perdre. La dernière est celle de La Croix ou la journaliste Céline Hoyeau propose une perspective historique pour mieux poser les nouveaux enjeux de l'adventisme.
Dans la continuité de l'échange avec Céline Hoyeau les enjeux de l'Eglise adventiste en Europe francophone et principalement en France peuvent se résumer autour de quelques enjeux majeurs que je vous propose de découvrir dans une série de quelques notes (3 sont déjà rédigées).
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Le défi écologique, sanitaire et environnemental
L'adventisme est une religion qui dans son histoire veille à l'interaction entre l'individu et son environnement. A l'heure où les politiques résument l'importance de cet enjeu dans la notion d'écologie ou de développement durable, l'Eglise adventiste peut proposer une expertise reconnue dans ce domaine. Qu'il s'agisse du respect des réserves naturelles, d'une alimentation en phase avec les besoins environnementaux et biologiques ou encore de la valorisation de richesses, l'adventisme propose une théologie qui allie depuis ses premières heures ; écologie, santé, respect de l'environnement et développement économique. Il est surprenant de ne pas entendre souvent les réponses adventistes alors que d'autres organisations d'essence américaine arrivent à communiquer sur ce domaine. Il y a là un incontestable vivier surtout qu'il s'agit de sensibilisation.
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La révolution alimentaire.
Oui, l'expression n'est pas exagérée et est dans la continuité du point précédent. Tous les experts sensibles aux intérêts à long terme de notre planète, impliqués dans la recherche du confort ou la lutte contre les « pathologies de la modernités » (obésité, diabète, cancer...) sont unanimes : il faut faire évoluer l'alimentation humaine vers un retour à ses fondamentaux, quittant ainsi une alimentation trop carnée, trop riche en sucre, déconnectée des saisons, qui ne prend pas en compte l'écosystème et les besoins organiques. Cette tendance est surtout attisée par une alimentation humaine gérée par des logiques agroalimentaires qui ne cessent de montrer ses limites.
La réponse adventiste est un végétarisme maîtrisé et confinée dans la recherche médicale. Aux USA cette position est très connue faisant de l'adventisme un modèle. Récemment, les études américaines ont montré le gain en espérance de vie de ceux qui épousent les régimes adventistes et plus largement un mode de vie où tabac, alcool et les excitants sont absents. Couplée à une pratique sportive, le mode de vie adventiste se répand aux USA et fait des émules en Europe, dans une époque où le bien-manger est de plus en plus recherché.
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Amplifier le combat pour les droits de l'Homme.
L'essence américaine et l'ambition missiologique adventiste touchent également les libertés. Inutile de revenir ici sur la lutte adventiste pour les droits de l'Homme notamment au travers de l'AIDLR. Il s'agit, comme le souligne Jean Baubérot, une structure d'impulsion adventiste qui, au bénéfice de toutes les minorités religieuses, œuvrent pour la reconnaissance et l'expression des libertés fondamentales. Alors que celles-ci sont aujourd'hui exposées à maintes instabilités ce domaine d'expression institutionnelle de la foi adventiste a encore beaucoup à faire et gagnerait à être connue.
Ces trois points répondent à des besoins sociaux et/ou politiques indispensables à la vie en société. De fait, nombres d'activités adventistes sont des réponses à des demandes et enjeux sociaux majeurs. Ainsi, quitte à me répéter encore, l'adventisme (pas uniquement) est, via ses trois formes d'actions, une interface entre la société globale et l'expression religieuse. C'est un atout pour une organisation religieuse qui veut se développer dans les contraintes de l'ultramodernité et de la laïcité. La surprise est que ces éléments ne soient pas assez au centre des propositions adventistes pour l'ensemble de la société. Il faut dire qu'il est certainement difficile de proposer un discours constructif, sans le voir rejeter par le simple fait qu'il émane d'une organisation religieuse. C'est ainsi que souvent, dans cette situation des initiatives religieuses bénéfiques à l'ensemble de la société doivent s'émanciper du groupe religieux avant d'être acceptées par l'ensemble de la société. Ce phénomène est très bien connu des historiens de la religion, parlant de « destin paradoxal des groupes religieux ». Il y a là une tension, une stratégie à poser qui ne doit pas nuire à l'apport du groupe, quitte à se faire oublier au bénéfice dudit discours !
Outre les enjeux sociétaux il y a également des enjeux d'organisation plus difficile à surmonter. Et ce sera la suite de notre série.