La dépression est encore un sujet difficile. L'individu est toujours conçu autour de la performance. C'est encore plus vrai chez les pasteurs. Berger, éducateurs, enseignant, psychologue... sont des qualificatifs et compétences qui leurs sont exigés et/ou reconnues. Imaginer que ces humains ont des problèmes d'humains n'est pas une évidence. En 2013, le piratage du site internet Ashley Madison a révélé que des pasteurs de nombreuses communautés utilisaient ses services pour tromper leur femme. Le médiatique suicide du pasteur Isaac Hunter, fils du non moins célèbre pasteur Joël Hunter ex conseiller de Bill Clinton a fait la Une en 2013 des médias évangéliques américains. Aux portes du divorce, secrètement dépressif et utilisateur de drogues Hunter a mis fin à ses jours alors qu'il dirigeait une méga church. Le suicide de Seith Oiler dans l'Ohio, d'Ed Montgomery, du pasteur Letsego en Afrique du sud, et d'autres posent questions. La majorité des suicides fait suite à un scandale sexuel, mais sont aussi les conséquences de la forte sollicitation nerveuse de la charge pastorale.
Ces pasteurs sont vus comme des hommes investis par les croyants. Ils sont en même temps ; bergers, conseillers, psychologues, théologiens, parfois directeur de ressources humaines, conseillers conjugaux, accompagnateurs sociaux... Pourtant comme beaucoup d'autres ils connaissent des drames dans leur vie. Mais plus, dans cette profession la question du surmenage est très rarement abordée.
Infochretienne rappelle que « Les pasteurs ne sont pas immunisés contre la dépression. Selon une étude faite par l’Insitute of Church Leadership Development, 70% des pasteurs luttent contre la dépression. L’étude montre aussi que 71% des pasteurs ont le sentiment d’être en burn out, et 90% ont l’impression d’être fréquemment épuisé. Quand on leur demande l’impact de leur ministère pastoral, 80% disent que cela a eu un effet négatif sur le vie de famille. En terme de relation, 77% pensent qu’ils n’ont pas un bon mariage, pendant que 70% pensent qu’ils n’ont pas d’amis proches ».
Non seulement le pasteur sont perçus comme des surhommes mais piégés par cette image ils sont très peu à manifester un besoin d'être accompagné. Ainsi dans l'univers protestant les questions du burn-out, de la dépression, des pulsions sexuelles, des besoins sexuels, doivent être beaucoup plus posées. Pour une fois le corps pastoral n'est pas celui qui accompagne mais celui qui doit être accompagné. Faudrait-il encore qu'il s'en rendre compte et/ou que les institutions religieuses protestantes initient des accompagnements.
Le terrain protestant est pourtant propice. Les pasteurs sont très sollicités, polyvalents et toujours en activité. Cependant ils n'ont pas un statut sacré ce qui aide à démystifier le statut social de ces derniers pour le rendre plus réaliste.