L’expression de « créatifs culturels » est une proposition popularisée par Paul Ray. Groupe théorique, dont la conscience d’appartenance est relative ou inexistante, il est composé d’individus qui œuvrent pour le changement de valeurs sociales. Certains s’organisent en groupes de pressions, mais la grande majorité des créatifs culturels sont des isolés, dans leurs actions, pratiques, voir croyances. Ils sont des avant-gardistes de l’évolution de la société. Les créatifs culturels ont été formalisé par Ray autour de quelques points généraux que sont :
- Le développement personnel,
- Le développement durable avec la prise en compte des variables économiques, écologiques et sociales,
- L’intégration de valeurs féminines,
- L’implication de valeurs solidaires, humanitaire pour la construction d’un meilleur espace social.
Certains créatifs ont une influence spirituelle. Ils forment l’essence sociographique de ce mouvement. D’autres, sont moins influencés par le spirituel. Les spiritualistes sont des descendants d’une multitude de mouvements voulant la réforme de la société. Mouvements utopistes, religieux, réformateurs, hygiénistes, déistes, communistes, libertariens… sont des influences non exhaustives.
Les créatifs culturels sont de plus présents dans la société. Certainement parce que le terme est vaste et le borné est un véritable problème. Aujourd’hui les études les évaluent dans une définition élargie à 35% de la population. L’importance de ce chiffre doit appeler la critique car il fait de ce groupe une grande population où les traits communs sont extrêmement discutables. Il faut dire que la définition théorique a pour désavantage de faire entrer des individus dans un groupe avec la violence de la théorie ! Mais plus vraisemblablement, la montée du rejet des valeurs mercantiles et la recherche d’une quête de sens, de solidarités, expliquent la hausse de créatifs culturels.
La Californie est un terrain où il y a le plus de créatifs culturels. Que ce soit sur le monde de vie, les innovations technologiques ou le choix d’une rupture avec l’ensemble de la société, la Californie en alliant modernité et la critique permanente de celle-ci, est un laboratoire vivant des créatifs culturels. Également lieu de forte présence adventiste, il n’est donc pas surprenant de constater des passerelles entre adventisme et créatifs. D’une certaine manière, en voulant être un mouvement de prou du changement social par ses valeurs hygiénistes, son investissement dans les formes de solidarités humanitaire, sa participation à lutte de la promotion de la liberté de penser, sa méfiance envers l’Etat centralisateur… l’Eglise adventiste du septième jour offre au créatifs culturels un cadre de développement.
Dans sa thèse Les formes d'adhésion au discours sur les « Créatifs Culturels » Approche sociologique de la diffusion d’une croyance dans le « capitalisme vert », soutenue le 20 juin 2017 Gwennhael Blorville retrouve des créatifs culturels dont la socialisation s’est réalisée dans un cadre fortement structuré par l’Eglise adventiste du septième jour. Pas surprenant, puisque l’histoire de l’Eglise adventiste du millérisme à aujourd’hui, est traversée de réforme invitant à une rupture rationnelle avec la société. Que ce soit le goût au sein de l'adventiste pour un meilleur développement personnel, une critique de la société de consommation, la prévention pour une meilleure santé, la formation scientifique pour un esprit critique, le débat actuel dans l'adventisme sur la place de la femme… tout cela dans une vision spirituelle qui donne du sens aux rapports sociaux et à l’Histoire, font de l'Eglise adventiste du septième jour, un groupe certainement pourvoyeurs en créatifs culturels.
La notion de créatifs culturels s’est extrêmement élargie. La surenchère les évaluant à 35% de la population illustre ce glissement vers une mode, une popularisation massive. Des auteurs se proclament portes paroles des créatifs culturels alors qu’il s’agit par définition d’un groupe théorique et éclectique. Le mot est même devenu aujourd’hui un synonyme bobos réformateurs. C’est bien dommage. Toutefois, il montre que les groupes religieux influencent des mouvements constitués et ici non constitués formellement pour un changement social. Finalement, n’est-ce pas un objectifs du religieux ? La réponse est dans la question.