L’Amérique est le pays où un Président noir illustre a marqué l’histoire mais la terre qui fait couler le sang de nombreux Georges Floyd. Ces deux pôles sont vrais. Mais entre les deux un dégradé de situations complexes existe. Le Président Biden vient ainsi corriger cette image et surtout donner sans le dire une leçon de démocratie à l’Europe, et en particulier la France.
Le 19 juin est désormais un jour férié fédéral aux Usa pour marquer la fin de l’esclavage des noirs. C’est le « Juneteenth » qui fait référence l’émancipation des noirs au Texas le 19 juin 1865 et la fin légale de cette soumission. Ce jour de juin 1865 l’armée unioniste annonçait aux noirs texans de Galveston qu’ils étaient libres depuis le 1er janvier 1863, soit depuis plus de deux ans. Biden déclare à ce titre que « les grandes nations n’oublient pas les jours douloureux » Il ajoute que l’émancipation des noirs restent à construire y compris au sein même des logiques bureaucratiques de toutes les structures décisionnelles américaines.
Quelques semaines après avoir remémoré le massacre de Tulsa survenu du 31 au 1er juin où une bourgeoisie noire avait été éradiqué avec des moyens miliaires, Biden montre la nécessité d’affronter, d’accompagner l’histoire pour mieux dépasser les souffrances et fabriquer dans la durée un vivre ensemble qui fait sens.
Le contraste avec la France est effarant. Le Président Emmanuel Macron a quasi déifié la mémoire de Napoléon que tous les manuels d’histoire non français présentent comme un dictateur qui réduit le droit des femmes et rétablis l’esclavage à contrecourant de la prise de conscience mondiale de son inhumanité. Par la suite, il a uniquement déposé une gerbe à l’occasion de la Commémoration des abolitions de l’esclavage le 10 mai 2021, faisant de lui le seul président qui marginalise officiellement cette mémoire. Alors que les agressions diffusées et donc assumées contre les noirs sur les réseaux sociaux, l’absence de discours mobilisateur le 10 mai pour une concorde ne peut rester sans interprétation. Les racistes de tout bord, portés par le culte médiatique du RN dans un contexte de défiance vis-à-vis de "l’étranger" y voient à minima un encouragement.
En m'appuyant sur un réseaux d'acteurs associatifs j'ai instauré dans le Nord la Commémoration des abolitions de l'esclavage et fait venir des personnalités comme Christiane Taubira, Alain Guédé, Eli Domota, vu venir Lilian Thuram, et bien d'autres. Cette commémoration demeure et les acteurs qui en ont la charge aujourd'hui doivent faire face à une démobilisation des représentations locales de l'Etat. Ce constat est heureusement différent dans d'autres régions comma la métropole Nantaise. Quoi qu'il en soit, quand le sommet de l'Etat aborde avec désinvolture cette phase de l'histoire, on ne peut trouver meilleure engrais pour les ronces de la discorde.
Joe Biden, montre la voie. Il note que la route est encore longue et qu’il y a encore beaucoup de problématiques comme l’indemnisation des descendants d’esclaves. Mais en affrontant les conséquences de l’histoire, Biden aide à fabriquer une mémoire collective. C’est tout ce que Macron ne veut pas faire alors qu’il a été élu en autre, avec cet espoir.
tulsa
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Le « Juneteenth » : Leçon de la démocratie américaine pour la mémoire de l'esclavage.