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Témoins de Jéhovah

  • Tensions en adventisme: petite brève sur "les apports" des conflits et dissidences.

    Schisme, division, cassureDepuis ses débuts la SDA est traversé par des débats internes. Celui initié par Joseph Bates permis l'adoption du sabbat comme élément doctrinal central (Sergio Becerra, 2001). D'autres débats furent menées dans une extrême tension et conduisirent parfois à des scissions.

    La doctrine de la « justification par la foi »
    En 1888, s'opposant aux principaux dirigeants de la Conférence général lors du synode de Minneapolis, le binôme de jeunes pasteurs Alonzo Trevier Jones (1850-1923) et Ellet Joseph Waggonner (1855-1916) firent évoluer la théologie adventiste en faisant acter la doctrine de la « justification par la foi » et non par la loi au sein de l'adventisme, fort du soutien d'Ellen White. Cette évolution se fit dans un cadre de tensions car les leaders historiques privilégiaient les signes de distinction avec les autres groupes protestants au détriment des points théologiques qui risquaient d'établir des convergences, à l'instar de la doctrine de Jones et Waggonner. Cependant, son important impact fait de 1888 une date fondatrice de la doctrine adventiste (Maurice Verfaillie, 2011, p. 115).

    Jonh Karvey Kellog
    Le Dr John Harvey Kellog (1852-1943) inventeur des Cornes flakes domina l’action médicale adventiste durant trois décennies. Avec l’aide des dirigeants adventistes, il créa l’École d’hygiène (en 1877), l’Association américaine de tempérance et de santé (1878), l’École de formation des infirmiers (1883), l’École d’économie domestique (1888), le Collège médical missionnaire américain (1895) et l’École normale d’éducation physique (1909) afin de former des centaines de professionnels de la santé. Kellogg présida pendant dix ans (1893-1903) l’Association adventiste missionnaire médicale et de bienfaisance (fondée en 1893), qui durant cette période, construisit des établissements de soins. Panthéiste, Kellog quitta la SDA suite à un profond désaccord sur la gestion des établissements de santé et son goût pour les théories eugénistes. Il fonda avec l'économiste Irving Fisher (1867-1947) et le biologiste Charles Davenport (1866-1944) la Race Betterment Foundation (la fondation pour l’amélioration de l'espèce humaine). L'engagement de Kellog pour les minorités sociales et ethniques surtout noires furent conséquents. Cependant les travaux de la Race Betterment Foundation seront repris et réorientée par l'Allemagne nazie (Brian Wilson, 2014). Le départ de Kellog avec des infrastructures de santé, a conduit la SDA à centraliser la gestion de ses structures pour éviter de nouvelles pertes de ressources importantes (Fabrice Desplan, 2005)

    Des scissions diverses à l'international.
    En 1925 un premier schisme verra des membres quitter l'Eglise adventiste du septième jour pour former L'Eglise adventiste, mouvement de réforme. En 1929-1930 puis 1950 deux vagues de dissidences se firent pour former les davidiens. Ces derniers deviendront tristement célèbre lors de la tuerie de Waco dans le Texas en 1993. Dans nombres de pays la croissance adventiste s'accompagnera de départs majeurs. Les plus importantes furent liées au choix de la SDA d'établir des rapprochements avec d'autres groupes religieux. Tel fut le cas en Hongrie en dans les années 70 où des cadres et des centaines d'adventistes refusèrent le rapprochement avec le Conseil des Eglises Libres, impulsé par le régime communiste. Ils fondèrent l'Eglise KERAK. En 2015, les 600 membres de l'Eglise KERAK ont réintroduit la SDA après une période de dialogue et des excuses officielles de l'Eglise adventiste1. D'autres scissions importantes ont lieu au Burundi (Jean-Pierre Chrétien et Melchior Mukuri, 2002)2, au Venezuela où le fondateur de l'Association Israelita, Ézéchiel Ataucusi Gamonal, a été expulsé de la SDA en 1956.

    En France
    separation-474x234.jpgEn 1982, en Polynésie Française une scission entraîna la création d'une Fédération adventiste dissidente (Bruno Saura, 1998). Les fractures dans l'Eglise adventiste s'expliquent toujours par des relations interpersonnelles principalement. La divergence doctrinale est un facteur secondaire. Il n'est pas rare de constater qu'elle est la manifestation des effets d'autres variables comme la culture, la catégorie sociale, le niveau de formation, la construction biographique, le type de conversion, etc
    . Il en va de même pour les tensions autour de la place d'Ellen G. White ou la vive opposition autour de l'ordination des femmes (sujet sur lequel la France connaît quasiment pas de remous).
    Le sujet clivant qui traverse la France demeure le rapport aux autres institutions religieuses, y compris protestantes. L'adhésion à la Fédération Protestante de France de 2006 s'est réalisée au prix du départ de pasteurs adventistes vers des pays où la SDA se développe en autonomie (Richard Lhemann, 2008). La prise de position de l’Église protestante unie de France (EPUdF) membre de la FPF en faveur du mariage homosexuel a réactivé en 2015 les critiques de membres sur l'appartenance de la SDA à la FPF. Conscient de sa position extrêmement minoritaire en France, des cadres insistent pour des rapprochements avec des groupes protestants plus conservateurs et en phase avec les positions éthiques adventistes. Ainsi un dialogue soutenu avec le Conseil National des Evangéliques de France (CNEF) est entretenu.
    Les questions sur les évolutions des formes de conjugalités restent un sujet de débat non explicite et source de lecture très différentes dans l'adventisme. Même si la tendance reste à une préférence pour le mariage comme cadre de développement familial, dans les faits la montée du concubinage, des séparations, du divorce, au sein de la SDA interroge. L'initiation même d'un cadre d'analyse de l'homosexualité est source de tension. Il y a quelques années, la rédaction d'un article sur le sujet par l'ancien doyen de la Faculté adventiste du théologie a montré les grandes sensibilités autour de la question.

    Que montre cet éventail incomplet ? L’Église adventiste doit être approchée comme un espace dynamique sur le long terme, même quand elle donne l’impression (volontairement ou non) d’être arc-boutée. L’un des fondateur de la SDA, James White, était opposé à la construction d’une doctrine normative, perceptible aujourd’hui dans les 28 vérités fondamentales de l’Église adventiste. Il n’était pas emballé par la croyance en la Trinité et d’autres points forts de la SDA. Comme le souligne l'historien adventiste George Knight "aucun des leaders fondateurs de la SDA se reconnaîtraient dans l’Église adventiste" en 2019. Certainement ils refuseraient d’y adhérer ! L’Église adventiste est donc un espace religieux en mutation permanente et les conflits sont aussi des facteurs de son évolution. Ils obligent surtout les adventistes à devoir développer beaucoup de recul sur eux même; mais là est un acte extrêmement compliqué et donc rare et peu encouragé.

     

     

    2Voir ; Jean-Pierre Chrétien et Melchior Mukuri,  Burundi, la fracture identitaire - Logique de violence et certitudes "ethniques", Karthala, 2002.

  • Les témoins de Jéhovah: Leurs aïeux et leurs cousins spirituels - De Bernard Blandre

    Présentation de l'éditeur:

    Le recueil d’articles de Bernard Blandre éclaire l’origine des témoins de Jéhovah, qu’il faut chercher dans l’adventisme au XIXème siècle. Après avoir attendu le retour du Christ en 1843-1844, les adventistes se sont répartis dans de nombreux groupes parmi lesquels les adventistes de l’âge à venir et les chrétiens adventistes qui ont inspiré les croyances des maîtres à penser du jeune Charles Taze Russell.

    Russell a souffert dans son enfance des décès de deux de ses frères, d’une sœur et de sa mère, ce qui l’a amené à s’interroger sur l’immortalité de l’âme, à rejeter la croyance à l’enfer et à adhérer à l’adventisme qui niait ces doctrines. Avec un petit groupe de parents et d’amis, il étudia la Bible à la lumière des publications d’auteurs adventistes, notamment George Stetson, George Storrs et plus tard Nelson Barbour. Toutefois l’influence sur lui de H.B. Rice qu’on pouvait soupçonner s’est révélée nulle. Sa formation d’homme d’affaires dans les entreprises de son père lui a permis de fonder le Société de la Tour de Garde, l’outil de la propagande des témoins de Jéhovah.

     

    Bernard Blandre est professeur agrégé d’histoire retraité. Il a fondé l’Association d’Étude et d’Information sur les Mouvements Religieux pour laquelle il écrit nombre d’articles. Il a aussi publié Les témoins de Jéhovah- un siècle d’histoire (Desclée de Brouwer) et Les témoins de Jéhovah (Brepols). 

     

    Prix : 35,90€ : Prix de lancement avant le 26 août 2017 : 28,90€

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  • L'adventisme dans le rapport de la MIVILUDES (II)

    miviludes 2011,rapport miviludes 2011,sectes apocalyptiques,télécharger le rapport contre les sectes,télécharger le rapport miviludes,eglise adventiste,secte,2012 fin du monde,adventisme,fin des tempsA peine avoir terminé la rapide note sur la place de l'Eglise adventiste dans le rapport de la Miviludes que je suis de nouveaux questionné sur l'Eglise adventiste de tout bord. Les dirigeants adventistes vont-ils être encore susceptible et tordre mes déclarations à des fins insondables ? (Oui je fais beaucoup d'allusions à la manipulation de mes propos par l'Eglise adventiste). Je croyais être clair mais la question m'est posée par mail de façon redondante : donc je n'étais pas limpide que cela !
    Non. Il est incongru que l'Eglise adventiste soit dans ce rapport car elle ne planifie pas la fin du monde pour la fin 2012. Notez que la Miviludes s'en sort en parlant de l'adventisme et sans nommer l'Eglise adventiste. Elle a un discours millénariste sur la fin des temps comme une multitude d'organisations protestantes mais ne prône pas la destruction de ce dernier. Elle laisse cette fin à l'initiative du messie (je suis très imprécis pour faire vite). Mais là où la surprise de trouver l'Eglise adventiste est plus grande c'est en raison du deuxième thème du rapport que sont les thérapies alternatives.

    L'Eglise adventiste peut entre autre être considérée comme une "religion de la santé" en référence à une typification de cette dernière que j'ai élaborée et qui est maintenant largement acceptée par les spécialistes. Religion dynamique dans les sciences médicales les adventistes favorisent la recherche médicales, le savoir scientifique, l'innovation thérapeutique, etc. Parmi les domaines où des médecins et chercheurs adventistes excellent il y a les thérapies médicales sur le cancer. Avec ces hôpitaux, centraux dans son système de soin, l'Eglise adventiste est de loin l'une des structures religieuses les plus en pointes sur la recherche médicale. Alors trouver, indirectement, cette église dans un rapport sur les mouvements apocalyptiques et les thérapies fallacieuses à bases religieuses est une double surprise.

     

  • L'adventisme dans le rapport de la Miviludes

    Rapport Miviludes 2011, Sectes apocalyptiques, Télécharger le rapport contre les sectes, télécharger le rapport Miviludes, Eglise adventiste, secte, 2012 fin du monde, adventisme, fin des tempsLe dernier rapport de la Mission Interministérielle de Vigilence et  Luttes contre les rives Sectaires (DIVILUDES) vient d'être remis au Premier Ministre par son Président, George Fenech. Le rapport se penche sur les mouvements millénaristes et messianiques qu'elle résume dans la terminologie de groupes apocalyptiques.
    La Miviludes dans son premier chapitre fait un tour d'horizon de l'actualité des thèmes apocalyptiques. Après avoir très sommairement rappelée quelques déclinaisons du millénarisme et du messianisme, la Miviludes insiste principalement sur l'actualité de la fin des temps autour du New Age, et avec une moindre importance sur l'adventisme. Concernant l'adventisme voici ce qui en ressort :

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  • La justice reconnaît l'aumonerie des Témoins de Jéhovah

    Témoins de Jéhovah, Prison, Aumonerie jéhovah en prison, centre de detention de MuretLors de mon intervention à Paris à l'occasion du colloque Réveil du religieux et éveil de la société, je revenais sur différentes stigmatisations malgré une jurisprudence de plus en plus sensible à l'égalité de traitement d'individus en fonction de leur pratique et croyance. Maître Ducrey prolongeait dans ce même sens. Nous notions, successivement, l'entêtement du Ministère de la justice face aux demandes de Témoins de Jéhovah qui veulent exercer en prison leur culte. Malgré une jurisprudence européenne claire, des jéhovistes sont discriminés en prison en raison de leur pratique religieuse. La position de l'administration carcérale est très tendue autour de l'aumonerie. Elle rechignait, et rechigne, à étendre aux jéhovistes le droit à une aumonerie et donc de satisfaire directement aux besoins religieux des prisonniers de cette organisation religieuse.

    Le récent arrêt admibistratif marque une grande victoire pour les jéhovistes, mais plus largement pour le respect des diversités des pratiques religieuses qui répondent aux exigences légales. Non seulement la cours reconnaît aux TJ le droit à l'exercice de leur culte mais surtout elle déboute l'administration pénitentiaire qui refusait jusque là de reconnaître l'aumonerie jéhoviste.

    Il faut le reconnaître, cela ouvre une jurisprudence sur laquelle il faudra veiller. Le travail pour les surveillants en prison est complexifié, mais ce n'est rien face au respect des libertés, dont celles de religion et de conscience. Et, là, ce n'est pas être jéhoviste ou non qui compte, c'est le respect de libertés fondamentales qu'il faut protége.

    Reste que le Ministère peut se pourvoir en Cassation. Mais au regard de la jurisprudence de la Cour Européenne des Droits de l'Homme, se serait un risque bien vil car la CEDH ne manquera d'imposer à la juridiction française le plein droit des plaignants jéhovistes.